Zurich (awp) - Les directeurs financiers (CFO) des entreprises suisses se montrent plus pessimistes. Ils craignent une pression accrue sur les marges et s'attendent à des perspectives économiques négatives, selon une enquête du cabinet de conseil Deloitte publiée lundi.

Parmi les préoccupations des CFO suisses, le franc de nouveau fort arrive en première position, gagnant 8 places par rapport à l'enquête précédente. La baisse de la demande, les risques géopolitiques et la pénurie de main d'oeuvre qualifiée sont également craints par les sondés.

Dans ce contexte, beaucoup de CFO anticipent déjà une baisse des marges plutôt qu'une augmentation, de sorte que les prévisions en termes de marges sont négatives pour la première fois depuis 2017 (solde net de -5%), souligne Deloitte.

Au niveau des effectifs, 35% des CFO s'attendent à ce que leur entreprise emploie moins de personnes d'ici un an tandis que 30% prévoient une augmentation du nombre d'employés. L'incertitude gagne également le coeur des CFO suisses, 67% la jugeant élevée, contre 40% l'an dernier. C'est toutefois moins qu'en Allemagne (95%) ou au Royaume-Uni (96%).

Face à cet environnement, l'appétence au risque est en forte baisse dans tous les pays étudiés. En Suisse, seuls 19% des CFO sont prêts à prendre plus de risques dans leur bilan. "L'adoption d'une position trop défensive serait problématique. Les entreprises doivent se montrer moins frileuses face au risque malgré des perspectives économiques négatives pour éviter un affaiblissement du pouvoir de l'innovation et du changement sur le long terme", explique Jean-François Lagassé, associé chez Deloitte Suisse.

La Suisse pas si mal lotie

La Suisse figure malgré tout parmi les pays les plus optimistes. Ainsi, plus de la moitié des CFO suisses estiment que les perspectives financières de leur propre entreprise pour les douze prochains mois sont positives. "Il s'agit toutefois d'un net recul par rapport au niveau record de 70% atteint à l'automne 2018", souligne Deloitte.

"Les entreprises suisses se préparent à traverser une phase de turbulence. Si toutefois l'on compare leur situation actuelle avec celle de la plupart des autres pays européens, elles occupent une bien meilleure position et ne devraient donc pas hésiter à investir", relativise M. Lagassé, évoquant les opportunités offertes par la numérisation.

Par ailleurs, les CFO ne s'attendent pas à ce que la politique des faibles taux d'intérêt prenne fin. Près des deux tiers (65%) prévoient que le taux directeur de la BNS reste négatif même dans deux ans, contre seulement 41% il y a six mois. Pas moins de 12% s'attendent même à une nouvelle baisse des taux d'intérêt, déjà historiquement bas.

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