Profitant des attentes autour de la fin du QE et de la faiblesse relative de la devise américaine, la monnaie unique efface ses résistances les unes après les autres, menaçant de peser l’inflation ou le commerce extérieur.

Certes, la BCE ne relèvera pas son taux directeur avant la fin de ses rachats d’actifs, lesquels devraient se poursuivre comme prévu jusqu’au mois de septembre prochain. Pourtant les gouverneurs de Francfort ont été forcés d’adopter une posture plus offensive depuis le début de l’année, ne masquant plus leur volonté d’en finir avec ces mesures exceptionnelles.

Malgré une inflation qui peine à rejoindre la barre des 2%, le taux de chômage continue de reculer, au plus bas en 9 ans (8.7%). En Allemagne, où l’annonce d’une coalition gouvernementale offre un autre motif de soutien, le marché du travail n’a même jamais été aussi vigoureux depuis la réunification.

Plus généralement, la croissance mondiale plaide pour des politiques plus restrictives.

Et comme la Réserve Fédérale avait pris de l’avance en la matière, ces potentiels ajustements, qui réduisent les divergences entre les institutions monétaires, pénalisent le billet vert. Dans une moindre mesure, le Dollar souffre également des divisions qui subsistent au sein du comité de la FED vis-à-vis de l’inflation, d’une diplomatie sino-américaine peu chaleureuse, d’un marché de l’emploi étroit à l’extrême ou des problématiques de budget fédéral (shutdown), classiques depuis des décennies, mais néanmoins contre-productives.

Graphiquement, l’Euro bénéficie donc du contexte actuel pour inscrire de nouveau sommets inédits depuis plus de trois ans, au-delà de 1.23 USD, sur fond de hausse de la volatilité sur les changes. La monnaie unique rejoint ainsi une bande étroite (1.23- 1.25) où elle avait consolidé à la fin de l’année 2014. Si la zone paraît acceptable pour la BCE à ce stade, un test de la fourchette haute pourrait néanmoins déclencher d’importantes prises de bénéfices.