Alors que la croissance et l’inflation montrent de premiers signes de ralentissement aux Etats-Unis, la monnaie unique bénéficie toujours de la perspective de l’élection d‘Emmanuel Macron en France, sur fond de rebond des prix à la consommation en zone Euro.

Bien que traditionnellement pénalisé par des variations saisonnières, le PIB américain au titre du premier trimestre enregistre d’abord sa plus faible progression en trois ans selon l’estimation initiale (+0.7% en données annualisées). Dans la foulée, les opérateurs prenaient connaissance d’un tassement de l’indicateur PCE, baromètre favori de la Réserve Fédérale quant à la surveillance de l’inflation, qui ressort à +1.8% au mois d’avril, contre +2.1% en mars et un objectif de la FED de +2%. Enfin, la croissance de l’activité manufacturière s’essouffle également le mois dernier, malgré une huitième expansion mensuelle d’affilée.

Si à quelques heures d’une nouvelle décision de politique monétaire de la banque centrale, ces dernières statistiques pourraient alimenter les débats au sein du comité, l’annonce attendue d’une importante réforme fiscale de l’administration Trump devrait toutefois alimenter un certain optimisme. Mesure phare du projet, la baisse drastique de l’impôt sur les sociétés, de 35 à 15%, pourrait en effet largement booster la première économie mondiale et maintenir un risque de surchauffe appelant à de nouvelles actions de la FED.

En Europe, Emmanuel Macron, candidat pro-européen et favori des marchés, stabilise son avance dans les sondages face à Marine Le Pen, dont l’arrivée au pouvoir est redoutée par les investisseurs. Avec environ 20 points d’avance à quelques jours du vote, le risque d’une explosion de l’Union monétaire semble moins présent aujourd’hui qu’il ne l’était avant les résultats du premier tour.

Du côté de la politique monétaire, bien que la BCE conserve une position accommodante, Mario Draghi a estimé que la reprise était « de plus en plus solide ».

Le lendemain de la conférence de presse du président de l’institution, les marchés prenaient connaissance d’un rebond significatif des prix à la consommation dans l’Euroland, de +1.5% sur un an en mars à +1.9% en avril, soit un niveau compatible avec la cible de Francfort (proche mais inférieure à 2%). Plus notable encore, même en excluant les secteurs volatils de l’alimentation et de l’énergie, le chiffre bondit à +1.2% sur un an, contre +0.7% le mois précédent, dépassant la barre symbolique de 1% pour la première fois depuis 2013. Portée par la robustesse de l’économie allemande, l’inflation européenne semble donc enfin s’inscrire dans une trajectoire plus durable.

Graphiquement, les paris sur l’issue de l’élection française n’ont pas permis à l’Euro de combler le gap qui s’est formé à l’ouverture le 23 avril. Les pressions baissières se tarissent en effet au profit d’une nouvelle dynamique qui pourrait permettre aux cours de poursuivre leur marche en avant dans des niveaux inédits en 2017, en direction de 1.10 puis de 1.1145 USD.