L’apaisement politique en Allemagne permet à la monnaie unique de résister à la vigueur du billet vert, toujours porté par la solidité de la macroéconomie américaine et les ambitions de la Réserve Fédérale.

Alors qu’un accord, aussi fragile soit-il, entre les dirigeants de l’UE sur la question des migrants avait laissé espérer un apaisement des tensions outre-Rhin, Horst Seehofer, président de l’Unité Chrétienne-sociale (CSU), ministre de l’Intérieur et chef de file de l’aile droite de la coalition gouvernementale, a rapidement exprimé son mécontentement. Jugeant l’accord de « création de plateformes de débarquement » insuffisant et difficile à appliquer, il a finalement menacé Angela Merkel de présenter sa démission si des centres de transit à la frontière autrichienne n’étaient pas mis en place. Cherchant à éviter une implosion de la coalition et l’organisation potentielle de nouvelles élections législatives, la Chancelière, d’ordinaire plus généreuse en matière d’immigration, a finalement plié et rassuré du même coup les marchés.

Côté macro, le taux de chômage en zone Euro enregistre un repli vers un niveau inédit en neuf ans (8.4%) et la hausse des prix à la consommation progressent encore un peu en juin, de +1.9 à +2.0% sur douze mois. Hors alimentation et énergie, l’inflation recule en revanche de +1.1 à +1.0% sur un an, illustrant un impact toujours plus important de facteurs volatils temporaires, élément scruté avec prudence par la BCE.

Aux Etats-Unis, même si la croissance du PIB a été révisée en légère baisse au titre du premier trimestre (+2% en données annualisées contre +2.2% auparavant), l’importante réforme fiscale mise en place par l’administration Trump laisse présager une forte accélération sur les trois mois suivants. Dernier signal de cette tendance, l’indicateur PCE, baromètre favori de la banque centrale américaine en matière d’inflation, a enregistré en mai un nouveau record en six ans (+2.3%).

Sur le front de la guerre commerciale qui oppose l’Oncle Sam au reste du monde, les taxes supplémentaires annoncées sur des importations chinoises devraient entrer en vigueur cette semaine et soutenir un peu plus la réduction du déficit de la balance américaine. La Commission européenne a cependant prévenu Washington que les représailles de l’ensemble de ses partenaires internationaux pourraient affecter des montants comparables à 19% des exportations réalisées l’an passé par la première économie mondiale.

Graphiquement, l’Euro s’accommode du contexte actuel en évoluant horizontalement sous 1.1701, après avoir freiné sa chute en clôturant chaque séance au-delà de 1.1538 USD, notre support principal. Son potentiel de rebond nous semble toutefois limité à ce stade et un retour entre 1.1701 et 1.1803 nous offrirait de nouvelles possibilités de ventes attractives.