Pénalisée par de sombres perspectives en Zone Euro, la monnaie unique plonge vers des niveaux inédits en près de trois ans. Christine Lagarde appelle à l’aide.

-3.5% en Allemagne, -2.8% en France, -1.4% en Espagne et -2.1% pour l’ensemble de l’Union monétaire. La production industrielle a dégringolé en janvier au cœur du Vieux-Continent, confirmant les difficultés de la région avant même que n’émerge l’épidémie de Coronavirus en Chine et son potentiel impact sur la croissance mondiale. Au quatrième trimestre 2019 déjà, le PIB allemand, lesté par le secteur manufacturier, avait stagné par rapport au T3.

A l’occasion d’une intervention au Parlement européen, la patronne de la BCE a de nouveau laissé filtrer une forme d’impuissance, expliquant que la politique monétaire ne devrait pas être le seul moyen de soutenir l’économie, appelant les Etats à davantage de réformes structurelles et mesures budgétaires.

Au jeu des prévisions hasardeuses, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, estime que le l’épidémie Covid-19 pourrait coûter 0.1% de croissance à l’hexagone en 2020. Le dernier pointage révisé fait état d’environ 64000 contaminations et 1400 morts, pour le moment principalement en Chine continentale. De son côté, Bruxelles maintient ses prévisions (+1.2% en 2020 et 2021) tout en pointant les incertitudes liées au Brexit, aux tensions commerciales et au Coronavirus.

Aux Etats-Unis à l’inverse, la macro reste vigoureuse alors que les créations d’emploi ont largement dépassé les attentes des économistes au mois de janvier et que 183 000 personnes ont signé leur retour sur le marché du travail, augmentant la proportion d’actifs au sein de la première puissance mondiale. Les prix à la consommation et les ventes au détail se sont par ailleurs avérés plus ou moins conformes aux prévisions. Le président de la FED Jerome Powell n’a bien sûr pas hésité à confirmer, lors de son audition semi-annuelle au Congrès, que la politique monétaire actuelle était adaptée malgré les risques liés au virus chinois.

Graphiquement, l’Euro vient d’effacer un support-clé à 1.0899 USD, s’ouvrant la voie d’une accélération vers 1.0772 USD, voire un peu en-dessous jusqu’au comblement du gap macron (1.0725). En cas de rebond, nous attendrons un retour vers 1.0919 puis 1.1015 pour reprendre position ou renforcer. Quoi qu’il arrive, nous bannissons toujours les achats sur la paire, d’autant plus que le risque lié à un important différentiel de taux, et donc à des frais de swap excessivement chers, affecte le ratio risk/reward d’une telle exposition.