La hausse des anticipations de baisse de taux de la FED pousse provisoirement la monnaie unique à la hausse, pourtant les pressions qui s’exercent sur le Vieux-Continent pourraient rapidement inverser la tendance.

Plusieurs responsables de la banque centrale américaine ont exprimé leurs inquiétudes quant aux conséquences de la politique de Donald Trump en matière de croissance et d’inflation. Dans la foulée de la prudence de Richard Clarida, vice-président de l’institution, James Bullard (FED de St-Louis) juge qu’une baisse de taux va s’avérer « bientôt nécessaire ». Il est le premier membre votant du FOMC à monter au créneau de cette façon. De son côté, le président Jerome Powell a réitéré ses inquiétudes vis-à-vis de la hausse des prix et assure que l’autorité monétaire surveille « de près » les effets de la guerre commerciale. John Williams (FED NY) a également fait valoir un certain manque de visibilité. Enfin, un article du Wall Street Journal laisse entendre que la FED pourrait agir sur son taux directeur dès sa prochaine réunion ce mois-ci.

A l’inverse, la BCE s’est montrée moins accommodante qu’anticipé au terme de sa dernière réunion de politique monétaire. Bien que Francfort ait indiqué qu’un potentiel tour de vis n’interviendrait pas avant la fin du premier semestre 2020, soit une échéance différée de six mois, elle n’a donné aucune indication sur un possible nouvel assouplissement. L’annonce du détail des prêts géants qui seront accordés aux banques entre septembre prochain et mars 2021 n’a par ailleurs pas généré davantage de satisfaction.

Les risques qui pèsent sur l’Union monétaire sont néanmoins sérieux. Outre les effets encore inconnus des tensions commerciales, la démission de Theresa May, au profit d’un successeur qui sera sans doute partisan d’une ligne dure, et le bras de fer entre l’UE et l’Italie n’offrent pas de perspectives réjouissantes pour la devise européenne. Matteo Salvini, vice-président de la troisième économie de la zone Euro, promet notamment d’être le « plus têtu » dans la bataille budgétaire qui l’oppose à Bruxelles. Côté macro, l’inflation des Dix-Neuf se tasse brutalement en mai : +1.2% sur un an contre +1.7% le mois précédent.

Graphiquement, les déboires du billet vert permettent à la monnaie unique de profiter d’un rebond technique au contact de 1.1304, nous offrant un timing parfait pour initier/renforcer une position vendeuse. Objectifs 1.1207, 1.1130 et 1.10 USD. Scénario invalidé au-delà de 1.1428.