Malgré l’imminence d’une hausse de taux outre-Atlantique et la prudence persistante de la BCE, la monnaie unique signe de nouveaux points hauts annuels. Elle profite de la faiblesse persistante du billet vert pénalisé par une macroéconomie américaine moins favorable et l’imprévisibilité du pensionnaire de la Maison-Blanche.

Face à une nouvelle baisse du taux de chômage en trompe l’œil, qui atteint un niveau inédit en 16 ans (4.3%) mais que les économistes attribuent à une nouvelle baisse de la population active, le dernier rapport mensuel sur l’emploi américain fait état d’un ralentissement des embauches au mois de mai, ainsi que d’une révision en baisse des chiffres publiés pour les deux mois précédents. Parallèlement, le salaire horaire évolue très peu par rapport à l’inflation.

Au même moment, la première puissance mondiale faisait aussi état d’un déficit commercial plus élevé que prévu au titre du mois d’avril.

De son côté, la Réserve Fédérale avait confirmé, dans son dernier compte-rendu, son intention de relever « bientôt » ses taux, sans toutefois que la moindre précision concernant la date de sa prochaine action n’accompagne son optimisme au sujet de la solidité de l’économie.

D’après les derniers propos de la plupart des gouverneurs de la banque centrale, il ne fait cependant plus guère de doute que la FED annoncera une nouvelle hausse de taux à l’issue de sa prochaine réunion le 14 juin prochain. Mais si les données du CME évaluent une telle probabilité à 96%, les intentions des argentiers américains au-delà du premier semestre souffrent en revanche d’un manque de clarté.

En réaction à une croissance molle au premier trimestre, toutefois révisée en hausse de +0.7 à +1.2% sur un an, mais surtout à un nouveau ralentissement de l’indicateur d’inflation PCE, qui recule à +1.7% sur un an au mois d’avril pour un objectif de +2%, Lael Brainard, gouverneur du Comité de politique monétaire, a récemment exprimé ses doutes quant à la trajectoire des prix.

Dans le même temps, Donald Trump vient d‘annoncer, conformément à l’une de ses promesses de campagne, le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. A travers une décision unanimement condamnée aux quatre coins du globe, le président américain poursuit ainsi son entreprise protectionniste et climato-sceptique.

De l’autre côté de l’Atlantique, en dépit des pressions venues d’Allemagne quant à la faiblesse de l’Euro, Mario Draghi a conservé un ton accommodant le 29 Mai dernier devant le Parlement européen. Reconnaissant que l’économie européenne se redresse, le président de la BCE a néanmoins indiqué que l’institution était « fermement convaincue » qu’il fallait poursuivre une politique expansionniste tant que les indicateurs d’inflation n’offraient pas de meilleures garanties.

Deux jours plus tard, la dernière mesure de la hausse des prix à la consommation donnait de l’écho à ses propos, la zone Euro enregistrant un recul sensible de l’indicateur CPI de +1.9% à +1.4% sur un an entre les mois d’avril et mai.

La macroéconomie de l’Union monétaire montre toutefois de nouveaux signes de robustesse, l’activité privé poursuivant son expansion dans ses plus hauts niveaux en 6 ans tandis que le taux de chômage continue de reculer, pointant désormais à 9.3%, un record en 8 ans.

Graphiquement, l’Euro ne fléchit pas et poursuit sa marche en avant au-delà de 1.12 USD. Une assise au-delà de 1.1239 USD ouvre désormais la voie à une poursuite du mouvement vers 1.1347 et 1.1523 USD tandis qu’un repli vers 1.1047 offrirait une sérieuse opportunité d’ajuster son prix de revient.