Encore négative il y a 8 mois, la hausse des prix à la consommation bondit de +1.1% sur un an en novembre à +1.8% le mois dernier, se rapprochant significativement de la cible de la BCE, proche mais inférieure à 2%.

Bonne nouvelle ? Pas si sûr. En matière économique, on distingue la bonne inflation, celle qui progresse avec la croissance, de celle qui profite de facteurs temporaires.

Hors ici, si l’on exclut les prix les plus volatils de l’alimentation et de l’énergie, l’inflation n’enregistre qu’une avancée de +0.9% sur un an au mois de décembre, stable d’un mois sur l’autre. Le rebond des prix du pétrole par exemple, lesquels ont doublé en moins d’un an pour s’installer au-delà de 50 dollars le baril, a donc sans doute largement soutenu l’excellente tenue de l’indicateur principal.

Certes, dans le même temps, le taux de chômage de l’Union monétaire enregistre un point bas de 8 ans (9.6%), pourtant il peine toujours à prendre ses distances avec la zone rouge. Une première estimation de la croissance des Dix-neuf surpasse les attentes au titre du quatrième trimestre de l’année passée (+0.5% d’un trimestre sur l’autre, +1.8% sur un an) mais rappelons toutefois qu’elle devrait se situer entre 1.5 et 2% en 2016 selon les économistes, soit une progression modérée, tandis qu’elle pourrait même ralentir en 2017 d’après le FMI.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a beau martelé que la hausse des prix n’est pas une menace pour les épargnants, il est ainsi peu probable que les salaires suivent une tendance équivalente. La récente vigueur des prix de l’énergie augmente par ailleurs les coûts de production des entreprises, lesquels pourraient, à terme, avoir un impact négatif sur leurs investissements et in fine alimenter la morosité de la croissance de la région.

L’ensemble fait ainsi craindre une période de stagflation (croissance faible et inflation forte), génératrice de chômage, qui pourrait inciter la BCE à revoir sa politique au second semestre.

Autre facteur de soutien provisoire pour la monnaie unique, Peter Navarro, l’un des conseillers de Donald Trump, a accusé l’Allemagne de profiter d’un Euro « largement sous-évalué » pour « exploiter » ses partenaires commerciaux tels que les Etats-Unis. Ces propos font écho aux récentes inquiétudes récemment exprimées par le nouveau président américain quant à la vigueur du Dollar, dans le cadre d’un début de mandat ouvertement protectionniste, mais remettent implicitement en cause le fait que nos voisins d’outre-Rhin aient régulièrement contesté les choix accommodants de la BCE. Angela Merkel a d’ailleurs rapidement réagi en contestant toute ingérence de la première économie européenne dans la politique de l’institution de Francfort.

Graphiquement, l’attention des cambistes se focalise désormais autour de 1.0873 USD, seuil clé que les cours devront franchir et préserver en fin de journée pour espérer rallier des objectifs plus ambitieux. Si, en revanche, notre résistance parvient à contenir l’actuel rebond technique de la monnaie unique, l’Euro pourrait rapidement reprendre le chemin de la tendance de fond en direction de 1.0604 puis 1.0391 USD.