Malgré des vents contraires, la monnaie unique profite de la faiblesse du billet vert, une nouvelle fois pénalisé par la politique de Donald Trump, pour préserver l'essentiel.

En Italie, les premiers résultats des élections législatives confirment les inquiétudes des cambistes. Le scrutin révèle une forte poussée des partis populistes, notamment motivée par la crise des migrants, sans qu'aucune majorité claire ne soit en mesure de se dégager. Ironie du sort, c'est au moment où les sociaux-démocrates approuvent en Allemagne le projet de coalition que la troisième économie européenne entame à son tour une période d'instabilité politique qui pourrait s'éterniser.

Du côté de la BCE, Mario Draghi a rappelé devant le Parlement européen que l’évolution de l’inflation restait conditionnée par les mesures de soutien de l’autorité monétaire. Pour le troisième mois consécutif, la hausse des prix à la consommation a d’ailleurs ralenti en février en zone Euro (+1.2%). Pourtant Francfort s'attendait à cette tendance alors que l'inflation avait été artificiellement portée l'année passée par la hausse de l'énergie. Des informations de presse indiquent même que l'institution pourrait supprimer certains éléments de langage de son prochain communiqué afin de préparer les marchés à une politique moins accommodante à l'avenir. Des anticipations de nature à soutenir la devise européenne.

Aux Etats-Unis, Jerome Powell, nouveau président de la banque centrale américaine, s'est présenté pour la première fois au Congrès. A l'occasion d'une audition devant la Chambre des Représentants, le successeur de Janet Yellen n'a pas caché son optimisme quant à la trajectoire de l'inflation ou la solidité de l'activité économique de l'Oncle Sam, encourageant les spéculations autour de quatre hausses de taux potentielles en 2018.

La faiblesse du Dollar peut donc sans conteste être une nouvelle fois attribué à Donald Trump, victime de relents protectionnistes chroniques. Le président américain a en effet mis le feu aux poudres en annonçant la potentielle mise en place d'une taxe douanière sur les importations d'aluminium (10%) et d’acier (25%).

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, a réagi en indiquant que l’UE préparait des mesures de rétorsion à l’encontre des entreprises américaines. Le Canada estime le projet inacceptable. La Chine a ouvert une enquête anti-dumping sur les produits importés aux Etats-Unis. Roberto Azevedo, patron de l’Organisation Mondiale du Commerce, estime que le risque d’escalade est réel tandis que le FMI prévient la Maison-Blanche des risques que fait peser une telle politique sur l’économie mondiale mais aussi américaine.

Donald Trump peut encore faire marche arrière pour éviter d’entretenir une guerre commerciale qui ne profite à personne. En 2002, sous les pressions internationales, George W. Bush avait cédé dans des conditions similaires.

Graphiquement, l'Euro reste à distance raisonnable de ses points hauts annuels malgré un repli technique sous 1.22 USD. Les cours pourraient toutefois évoluer dans une fourchette étroite, entre 1.2192 et 1.2381, en attendant la prochaine réunion de la BCE. En trading, nous privilégions toujours les achats sur repli, tant que 1.2065 USD sera préservé en clôture quotidienne.