Bien que le président de la BCE ait estimé peu probable que l’institution relève ses taux cette année, la monnaie unique a profité de la dégringolade du billet vert pour rallier 1.25 USD, un seuil inédit depuis 2014.

La faute à un protectionnisme américain des plus hostiles.

Probablement non content que l’épisode du shutdown, le dix-huitième depuis 1976, se soit révélé bien trop classique pour affoler les marchés, Steven McNuchin, secrétaire au Trésor américain, a cru bon vanter les mérites d’un Dollar plus faible pour la première économie mondiale, dans un déni complet de l’esprit G20, censé stigmatiser ces comportements.

La veille, Washington annonçait même sa décision d’imposer des droits de douanes sur certains produits en provenance de Chine, Corée du Sud, Mexique, Thaïlande et Vietnam.

Ainsi, la BCE pouvait bien tempérer ses propos, le mal était fait.

Faisant suite au dernier statu quo de la BCE, Mario Draghi a évoqué ce 25 janvier, au cours d’une conférence de presse plutôt neutre, « un rythme solide d'expansion économique, qui a accéléré plus que prévu au deuxième semestre 2017 ». Un prétexte suffisant pour encourager le marché à franchir 1.25 USD, attiré par la polarisation de toutes sortes de distractions : barrières d’options, ordres stop et déclenchements divers, zone de surachat, moyennes et droite de tendance à la traine, algos en terre inconnue et autres bribes de trading haute-panique.

Peu importe que l’économiste italien ait rappelé que l’inflation peinait à se rapprocher de la cible de l’autorité monétaire ou que la volatilité actuelle du marché des changes constituait une source d’incertitudes, le mal était fait.

Dans la foulée, Donald Trump réagissait à Davos, indiquant préférer un Dollar fort. Intention de tempérer les ardeurs des cambistes, de faire taire les critiques ou de rassurer les importateurs américains ? Toujours est-il que ces propos, qui ont permis le déclenchement d’importantes prises de bénéfices, viennent parfaitement contredire ceux de son secrétaire au Trésor. Si on tombait dans la facilité, on pourrait crier au scandale, à la fumisterie ou à l’incompétence mais habituons-nous plutôt à cela, la répétition de ce genre de facéties pourrait durer encore trois ans.

Un Euro à 1.25 USD n’est cependant pas une hérésie au regard de deux éléments significatifs. D’abord la macroéconomie continue d’afficher une grande robustesse au sein de l’Union monétaire. Dernier élément en date, l’activité privée en zone Euro enregistre en janvier son meilleur score depuis 12 ans. Notons ensuite que si l’Euro progresse de +3.5% face au Dollar depuis le début de l’année, on observe une certaine stabilité face à un panier de plusieurs devises, tempérant largement l’impact sur le commerce extérieur.

Graphiquement, l’Euro a d’abord eu raison d’une résistance coriace à 1.2065, ouvrant la voie d’une accélération vers 1.23 USD. Après une brève consolidation, il n’aura alors fallu que 2 séances à la monnaie unique pour franchir 1.25 USD, enregistrant une progression de 5 figures en 10 séances. Une volatilité si prononcée, dont on espérait plus une émergence aussi soudaine, encourage le trading. Elle exige cependant une gestion du risque irréprochable : achats sur repli et stops serrés, lesquels peuvent être progressivement décalés en territoire positif à mesure que les gains s’accumulent.