La monnaie unique peine toujours à confirmer ses velléités haussières, une nouvelle fois pénalisée par la macroéconomie et les divergences de politique monétaire des deux côtés de l’Atlantique.

Malgré la croissance de l’activité privé en zone Euro ou l’état du moral des entrepreneurs allemands, qui atteignent l’un et l’autre leur plus haut niveau en 6 ans au mois de mars, la soudaine décélération de l’inflation sur la même période, à la fois dans l’Union monétaire et dans la première économie du Vieux-Continent, pourrait inciter les argentiers européens à davantage de prudence dans leur projet de normalisation de politique monétaire.

Selon des rumeurs relayées par l’agence Reuters, la BCE ne serait d’ailleurs pas si encline à resserrer sa politique, l’institution francfortoise craignant même devoir prolonger son programme de rachats d’actifs au-delà du mois de décembre 2017, face aux tensions observées sur les marchés obligataires européens.

Aux Etats-Unis, Donald Trump a finalement abandonné son projet d’abrogation de l’Obamacare, faute de consensus au sein de sa majorité républicaine. Bien que ces dissensions manifestes fassent craindre aux marchés que le fantasque président américain peine à mettre en œuvre ses promesses de campagne, le billet vert rebondit néanmoins à la faveur de la solidité des statistiques économiques et des hausses de taux de la Réserve Fédérale qu’elles impliquent.

Alors que la confiance des consommateurs a atteint un pic de 17 ans, Eric Rosengren, gouverneur de la FED de Boston, habituellement plus accommodant, a ainsi estimé que la banque centrale américaine pourrait monter ses taux à quatre reprises en 2017, soit un tour de vis supplémentaire par rapport aux dernières prévisions de l’institution. Dans la foulée, l’indicateur PCE, baromètre favori de l’autorité monétaire pour mesurer l’inflation, a dépassé la cible de la FED, enregistrant une progression de +2.1% sur un an au mois de février, pour un objectif avoué de 2%.

Graphiquement, l’Euro accuse donc le coup après avoir prolongé son élan au-delà de 1.09 USD, dans des niveaux inédits depuis l’élection de Donald Trump, laquelle avait largement contribué à la flambée du billet vert en fin d’année dernière. La monnaie unique pourrait désormais trouver un soutien au contact de 1.0612 et évoluer provisoirement entre ce seuil et une résistance de moyen terme à 1.0860.