A la fois soutenue par un compte-rendu de la BCE et l’annonce d’un accord politique en Allemagne, la monnaie unique enregistre de nouveaux records depuis 2014. Une flambée qui pourrait néanmoins pénaliser l’inflation et agacer Francfort.

Une fois n’est pas coutume, le ton offensif des minutes de la dernière réunion de la BCE, qui s’était tenue au mois de décembre, a d’abord cueilli les investisseurs. Traditionnellement prudent, le Conseil des gouverneurs envisage désormais une évolution de ses éléments de langage tôt en 2018, signifiant ainsi son optimisme quant à la croissance et à la trajectoire des prix. Bien qu’il demeure évident que l’institution européenne ne resserrera pas pour autant sa politique avant la fin du QE prévu en septembre, la BCE pourrait toutefois rapidement réviser en hausse ses prévisions.

Les marchés ne s’attendaient pas à une posture aussi inédite alors que la BCE avait jusqu’ici semblé soucieuse du niveau de l’inflation, qu’elle ne voit pas rejoindre sa cible avant 2020. Surtout, une telle surprise a ceci d’ironique que les arbitrages en faveur de l’Euro qu’elle provoque ne vont pas faciliter la tâche de la banque centrale, dont on connait les réticences vis-à-vis d’une monnaie trop chère.

Et pour enfoncer le clou, la monnaie unique trouvait dès le lendemain une nouvelle raison de progresser. Angela Merkel, qui peinait à former une coalition après les élections législatives de septembre, aurait finalement trouver un accord avec les sociaux-démocrates du principal parti d’opposition. Un excellente nouvelle pour la première économie européenne qui va pouvoir de nouveau bénéficier d’un gouvernement majoritaire au Parlement et un gage de stabilité pour l’ensemble de l’Union monétaire.

De l’autre côté de l’Atlantique, si les prix à la production ont baissé en décembre, les prix à la consommation ont eux légèrement accéléré sur la même période, progressant de +1.8% sur un an. Rien qui soit à première vue de nature à modifier les projections de la Réserve Fédérale, laquelle table sur trois nouvelles hausses de taux en 2018. Pourtant Eric Rosengren, président de la FED de Boston, a estimé dans un entretien au Wall Street Journal que quatre tours de vis pourraient s’avérer nécessaires cette année, en particulier en raison de la récente réforme fiscale de nature à stimuler l’économie.

Graphiquement, l’actualité a donc permis à l’Euro de franchir sa droite de tendance et d’effacer notre résistance à 1.2065 USD en clôture. Une telle poussée en fin de semaine induit généralement un retracement technique à l’ouverture tandis que le potentiel de hausse de la parité s’amenuise sensiblement. La réaction des responsables européens pourrait par ailleurs ne pas se faire trop attendre. Alors qu’une opportunité d’achat sur ces niveaux de prix nous semble discutable, nous voyons donc davantage de raisons plaider pour un repli provisoire.