Préservée de justesse en clôture, la résistance de la monnaie unique relance la dynamique baissière et menace le rebond initié il y a quelques jours.

Peter Praet, chef économiste de la BCE, avait d'abord apporté un soutien inattendu à l'Euro en déclarant que les derniers signaux et ses attentes en matière d'inflation allaient impliquer des débats au sein du Conseil des gouverneurs quant à l'annonce d'un arrêt du QE prévu pour septembre. Les prix à la consommation ont bondi à +1.9% sur un an dans l'Union monétaire au mois de mai, un niveau compatible avec l'objectif de Francfort alors que Mario Draghi tiendra une conférence de presse le 14 juin.

Pourtant, l'actualité transalpine inquiète toujours les marchés comme en témoignent les tensions persistantes sur le marché obligataire. De nouvelles élections, scénario le plus redouté, ont certes été évitées et Giuseppe Conte a obtenu dans la foulée la confiance du Parlement mais l'accord de gouvernement entre M5S et La Ligue fait craindre un dérapage budgétaire. La nouvelle coalition au pouvoir estime en effet préférable de combattre la dette abyssale de la troisième économie européenne par la prescription populiste de dépenses supplémentaires en faveur de la croissance et de l'emploi plutôt que par la contrainte d'une politique d'austérité.

L'abaissement de l'âge de départ à la retraite, les importantes baisses d'impôts et l'instauration d'un revenu de citoyenneté paniquent particulièrement les investisseurs.

Côté américain, la macroécomie rayonne toujours et annonce un deuxième trimestre robuste outre-Atlantique. Le déficit commercial de l'Oncle Sam recule en effet en avril en raison d'un repli des importations en provenance de Chine tandis que le tout dernier pointage de l'indicateur ISM non-manufacturier reflète la solidité de l'activité dans le secteur des services. Une nouvelle hausse de taux de la FED attendue le 13 juin ne fait plus aucun doute aux yeux des cambistes.

D'ici là, les marchés surveilleront le G7 au Canada dans un contexte plutôt tendu alors que les principaux partenaires de la première économie mondiale critiquent de façon unanime la politique ouvertement protectionniste de Donald Trump.

Graphiquement, malgré un rebond d'une amplitude respectable, l'Euro échoue au-delà de 1.1790 et reprend le chemin de la baisse. Nous invitons cependant les traders à la prudence à court terme avant deux réunions importantes de politique monétaire (FED/BCE).