(Actualisation: cours de Bourse, commentaires d'analystes et de la direction sur l'endettement et la politique d'acquisition)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le repli de l'action Eurofins accélérait mardi après-midi, le titre chutant de 10,8% à 355,20 euros vers 16h00. Le laboratoire d'analyses pharmaceutiques, alimentaires et environnementales a publié des résultats annuels conformes aux attentes mais ses prévisions ont déçu certains opérateurs.

Le fort endettement de la société constitue également une préoccupation pour les investisseurs. De fait, l'action Eurofins est l'une des plus vendues à découvert de la cote parisienne, ce qui explique la volatilité du titre depuis l'an dernier.

"La baisse du titre repose sur des mouvements de shorts [position de ventes à découvert] fondés sur des craintes autour [notamment] de la croissance et du niveau de dette", commente mardi Oddo BHF. Jugeant "ces éléments exagérés sans être totalement infondés", le courtier a abaissé mardi sa recommandation de "achat" à "neutre" jugeant que le potentiel du titre devient "plus limité".

Mardi matin, Eurofins Scientific a indiqué viser pour 2019 un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros, dont 5% de croissance organique et 100 millions d'euros devant provenir d'acquisitions à réaliser, ainsi qu'un excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté de 850 millions d'euros. Le groupe prévoit aussi un flux de trésorerie disponible de 350 millions d'euros. Ces objectifs "reflètent le début d'une focalisation accrue sur les marges et la génération de flux de trésorerie", a indiqué la société.

"La guidance 2019 est timide sur la marge", regrettent les analystes d'Invest Securities. La prévision d'Ebitda ajusté de 850 millions d'euros implique une marge stable par rapport à 2018, alors que "le consensus anticipait une amélioration de l'ordre de 40 points de base", ajoute le courtier.

Diminution programmée du levier d'endettement

En termes de bilan, le montant de la dette nette d'Eurofins a augmenté à 2,65 milliards d'euros en 2018, contre 1,4 milliards d'euros en 2017. Le taux d'endettement s'est établi à 3,38 fois l'Ebitda ajusté, contre 2,14 fois un an plus tôt, se maintenant sous la limite de 3,5 fois l'Ebitda ajusté que le groupe s'est fixée.

Le groupe justifie l'évolution de son endettement par sa politique de croissance externe. "Cela fait deux ans que l'on dépasse très largement notre objectif en matière d'acquisitions. Nous avions pour objectif d'acheter pour 200 millions d'euros de chiffre d'affaires, nous avons acquis pour 700 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaire en 2017 et en 2018", a souligné Laurent Lebras, le directeur financier du groupe lors de la présentation des résultats à la presse.

"Notre levier a toujours été inférieur à 2 jusqu'en 2015 qui a été une année riche en acquisitions où il est monté à 2,5 en 2017 et cette année il est de façon exceptionnelle supérieur à 3", a poursuivi le dirigeant, ajoutant que l'objectif en 2019 et 2020 est "clairement de nous déleverager". Le groupe prévoit de limiter à une enveloppe de moins de 300 millions d'euros par an en 2019 et 2020 ses investissements en fusions et acquisitions.

"Cela nous permettra de revenir à des niveaux de levier plus faibles". "A terme", le groupe vise un levier d'endettement à l'intérieur d'un "corridor de 1,5 à 2,5 fois" qui correspond aux niveaux historiques du groupe, a précisé Gille Martin, le PDG d'Eurofins Scientific.

Le diagnostic clinique en repli organique

En 2018, le résultat net d'Eurofins a atteint 223,9 millions d'euros, contre 216,8 millions d'euros en 2017. Sur une base ajustée, qui exclut certains éléments non récurrents ou inhabituels, le bénéfice a atteint 355,8 milions d'euros, contre 299,1 millions d'euros en 2017.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda), s'est élevé à 651,4 millions d'euros, contre 513,2 millions d'euros un an plus tôt, faisant ressortir un taux de marge de 17,2%. Sur une base ajustée, l'Ebitda a atteint 719,8 millions d'euros, à comparer à 556,7 millions d'euros l'année précédente. La marge d'Ebitda ajusté de 2018 s'établit ainsi à 19%, soit une hausse de 30 points de base.

Le chiffre d'affaires a atteint 3,78 milliards d'euros, matérialisant une croissance globale de 27,2%. La croissance organique a atteint 4,5%.

Le groupe a ainsi rempli ses objectifs pour 2018, qui étaient d'atteindre un chiffre d'affaires de 3,8 milliards d'euros et un Ebitda ajusté de 700 millions d'euros.

Selon Factset, les analystes misaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 3,79 milliards d'euros, un Ebitda de 698 millions d'euros et sur un résultat net de 279 millions d'euros.

La société a toutefois été affectée au quatrième trimestre par des éléments inattendus dans son activité de diagnostic clinique en France et aux Etats-Unis, dont la croissance organique a été de -1,8% sur l'année et de -3,7% au dernier trimestre.

En France, "la sécurité sociale a décidé d'effectuer des baisses de remboursement très significative en anticipant des augmentations de consommation qui ne se sont pas produites", tandis qu'aux Etats-Unis, la filiale Boston Heart Diagnostics "n'a pas obtenu certains remboursements qu'elle attendait et même subi des déremboursements sur certains tests", a expliqué Laurent Lebras. "Ceci dit, nous pensons qu'il s'agit d'événements non récurrents, c'est pour cela que nous maintenons nos objectifs de croissance organique pour les années à venir", a-t-il ajouté.

-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 93, fberthon@agefi.fr ed: ECH

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