Paris (awp/afp) - Le groupe de services d'analyses pour la pharmacie, l'agroalimentaire et l'environnement Eurofins a vu son bénéfice net chuter d'un tiers au premier semestre, principalement à cause des perturbations et des frais liée à une cyberattaque subie en juin, dont le coût exact est en cours d'évaluation.

Eurofins a vu son bénéfice net s'effondrer de 35,4% à 58,9 millions d'euros au premier semestre, a-t-il indiqué dans un communiqué publié jeudi.

"Plusieurs laboratoires du groupe ont été frappés malheureusement par une sévère cyberattaque le 2 juin 2019, qui a affecté de manière significative certaines des activités d'Eurofins en juin, entravant temporairement leur performance financière", a expliqué Gilles Martin, le PDG du groupe, cité dans le document.

Eurofins est actuellement en discussion avec ses assureurs afin de déterminer un montant de compensation.

Il estime pour l'heure que cette attaque informatique a affecté son excédent brut d'exploitation (Ebitda) à hauteur de 51,5 millions d'euros et son chiffre d'affaires de 62 millions d'euros.

"L'impact financier net, après les compensations des assurances, devrait être très inférieur", précise toutefois le groupe, qui espère recevoir "au moins des versements partiels" d'ici à la fin de l'année.

Malgré cette attaque, au cours du premier semestre, Eurofins a vu son excédent brut d'exploitation bondir de 28,9% à 370,9 millions d'euros.

Le chiffre d'affaire a également progressé à un rythme soutenu (+24,3%), s'établissant à 2,17 milliards d'euros, un niveau supérieur aux attentes du consensus d'analystes sondés par Bloomberg. L'activité a progressé dans l'ensemble des zones géographiques.

Les investisseurs semblaient rassurés par ces résultats. Vers 10H20, à la Bourse de Paris, le titre du groupe prenait 4,70% à 392,40 euros, dans un marché en hausse.

"Au premier semestre, Eurofins a continué de réaliser des progrès significatifs pour atteindre les objectifs de son plan stratégique 2015-2020, consistant à créer un réseau mondial unique en son genre de laboratoires de pointe" pour générer une croissance et une rentabilité durables sur le long terme, a souligné M. Martin.

"Les perspectives sont bonnes pour le reste de 2019 et pour 2020", a-t-il ajouté.

Objectifs non confirmés

Le groupe n'a toutefois pas confirmé ses objectifs annuels. Il comptait jusqu'à présent générer un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros, un excédent brut d'exploitation ajusté de 850 millions d'euros et un flux de trésorerie disponible de 350 millions d'euros.

Eurofins estime que la cyberattaque a surtout pénalisé ses performances en juin mais qu'il est encore trop tôt pour établir l'impact financier net total pour l'ensemble de l'année.

Le groupe avait prévenu dès la fin du mois de juin que cette attaque informatique allait peser sur ses résultats, en particulier au deuxième trimestre.

Un rançongiciel ("ransomware"), forme d'extorsion numérique de fonds, a pénétré ses systèmes informatiques dans plusieurs pays durant le week-end du 1er et 2 juin.

Ce n'est qu'à partir du 17 juin que la plupart des opérations des laboratoires touchés ont pu reprendre normalement.

Interrogé par l'AFP, le groupe n'a pas souhaité préciser s'il avait payé ou non une rançon, étant donné que les investigations sont encore en cours.

Depuis cette attaque, Eurofins a déployé des outils et des mesures pour renforcer la sécurité de ses systèmes informatiques.

Les cybercriminels adeptes des campagnes de rançongiciels ciblent de plus en plus les grandes entreprises "ayant la capacité de payer" des sommes d'argent "très élevées", selon une étude du ministère de l'Intérieur publiée en juillet.

Ces cyberattaques, qui consistent à s'emparer des données d'un utilisateur via des logiciels malveillants avant d'exiger une rançon en échange de leur déblocage, avaient causé des pertes économiques importantes en 2017 à de grands groupes français comme Renault ou Saint-Gobain, victimes des virus WannaCry et NotPetya.

Plus récemment, Fleury Michon a suspendu sa production pendant cinq jours en raison d'un virus informatique, un incident dont les coûts devaient également être couverts par son assurance.

afp/ck