LE MANS (awp/afp) - Au Mans, les voitures tournent pendant 24 Heures et couvrent plus de 5.000 kilomètres mais le développement des lubrifiants synthétiques a sonné le glas des odeurs d'huile de ricin brûlée et de la vidange obligatoire.

"On ne consomme plus vraiment d'huile aujourd'hui", souligne David Tsurusaki, responsable des activités compétition chez ExxonMobil qui "lubrifie" notamment pendant les 24 Heures Toyota, Porsche et Corvette. "Dans le passé, l'odeur venait de cette huile brûlée mais ce n'est plus le cas avec les voitures de course modernes".

Les arrêts au stand sont l'occasion de changer les pneus et les pilotes, faire le plein et prennent moins d'une minute. Rajouter une vidange serait coûteux en terme de temps. Mais que se passerait-il si le moteur venait à "bouffer" de l'huile en raison d'une pièce défaillante?

"Certaines équipes ont un petit bidon sous pression d'environ deux litres avec une connexion rapide et lors des changements de pneus, elles injectent littéralement l'huile dans le moteur. Mais la plupart du temps, elles ne l'utilisent plus", souligne l'ingénieur.

"La compétition est un vrai laboratoire pour nous", ajoute-t-il. Les huiles à viscosité "zéro", utilisées notamment aujourd'hui dans les voitures de série hybrides pour améliorer leurs performances avec un moteur froid, ont par exemple été développées en course.

Molécule synthétique

Le vieux débat qui divise les amateurs de mécanique entre huiles synthétiques et minérales et leurs mérites respectifs n'a également plus beaucoup de sens, selon David Tsurusaki. "La molécule synthétique permet d'obtenir exactement ce que l'on cherche en fonction de la viscosité et de la température de fonctionnement", affirme-t-il, rendant celle issue d'un produit minéral obsolète.

Avec le développement des courses pour voitures "classiques" équipées de moteurs conçus il y a des décennies, comme à l'occasion du "Le Mans Classic", les groupes pétroliers sont cependant approchés par les constructeurs pour leur fournir des lubrifiants adaptés. "Certains moteurs étaient conçus pour consommer de l'huile", rappelle-t-il, évoquant le cas de recherches effectuées récemment avec Bentley dont les voitures ont gagné au Mans en 1924.

L'arrivée de voitures de course électriques ou à hydrogène ne signifie pas que les chercheurs n'auront plus de travail. "Les voitures à hydrogène auront toujours une boîte de vitesse, les autres des cardans et des différentiels, nous travaillons avec la Formule électrique. Personnellement, je ne pense pas que les voitures électriques remplaceront complètement les moteurs thermiques mais nous parlerons de moteurs encore plus efficaces ayant besoin de lubrifiants encore plus avancés", estime M. Tsurusaki.

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