PARIS (awp/afp) - De nouveaux acteurs en ligne ont profité du manque de cadre légal sur internet pour peser sur les élections européennes de cette semaine, selon un nouveau rapport, qui pointe le rôle des partis populistes et de "cyber-milices".

Avant les élections qui se tiennent à travers l'Union européenne de jeudi à dimanche, l'Institut pour le dialogue stratégique (ISD) a enquêté sur les cas de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne et de la Pologne.

"De nouveaux acteurs tirent profit du manque de cadre légal sur internet, en s'alignant souvent sur des Etats hostiles comme la Russie, ou encore des groupes d'intérêts américains, mais aussi en créant leurs propres campagnes paneuropéennes", indique ce rapport publié vendredi.

"Des partis politiques populistes, des cyber-milices d'extrême droite et des groupes religieux adaptent des tactiques davantage connues pour être utilisées par les Etats", estime le centre de réflexion basé à Londres.

Les ingérences en ligne attribuées à la Russie lors de la présidentielle américaine de 2016 ont peut-être inspiré des acteurs européens, qui "ont pioché dans les méthodes (du président Vladimir) Poutine et utilisent de faux comptes Twitter automatisés pour amplifier leurs messages et attaquer leurs adversaires", écrit-il.

Mais le lien direct avec des partis politiques reste souvent difficile à établir formellement.

En Espagne, l'ISD a mis en lumière un "réseau coordonné de comptes Twitter servant à diffuser des hashtags anti-islam et à renforcer le soutien au parti d'extrême droite Vox". Mais Vox nie tout lien avec ces comptes.

En Grande-Bretagne, des "bots" - programmes informatiques qui envoient automatiquement des messages - sont aussi soupçonnés d'avoir amplifié sur Twitter la campagne de la plupart des grands partis, mais le Parti du Brexit est celui qui semble avoir le plus bénéficié de ce genre de relais.

En Pologne, l'ISD a identifié ce qu'il soupçonne être un "réseau coordonné de pages, de comptes et de groupes sur Facebook utilisés pour promouvoir le parti nationaliste Konfederacja et amplifier des contenus antisémites et pro-Kremlin".

Avaaz, ONG basée aux Etats-Unis, a fait état de 23 pages italiennes suivies par plus de 2,46 millions de personnes qui répandaient de "fausses informations et du contenu destiné à diviser" notamment sur les questions migratoires, les vaccins et l'antisémitisme.

En Allemagne, le parti d'extrême droite AfD s'est montré hyperactif dans les débats sur Facebook autour des européennes.

L'ISD a également indiqué que des médias professionnels avaient été la cible d'attaques concertées en Allemagne et en France.

Pour le groupe de réflexion, le scrutin européen de 2019 est marqué en ligne par les "discours de haine". Il a identifié 365 pages, comptes et groupes Facebook, plus de 1.350 comptes Twitter et plus de 100 chaînes et vidéos sur YouTube qui promeuvent des discours de haine, la désinformation ou des messages extrémistes.

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