HONG KONG, 20 août (Reuters) - La cheffe de l'exécutif hongkongais, Carrie Lam, a déclaré mardi qu'elle espérait que la mobilisation pacifique du week-end était le début d'un effort visant à restaurer la paix et que le gouvernement allait discuter avec les manifestants pacifiques et traiter les plaintes contre la police.

Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans le calme dans les rues du territoire autonome dimanche, après onze semaines de mobilisations souvent marquées par des affrontements violents.

"J'ai expliqué et donné des détails concernant deux domaines importants sur lesquels nous allons travailler (...) L'un est une importante étude, couplée à un système très solide, permettant d'enquêter et d'examiner les plaintes déposées contre la police au cours de cette période prolongée d'affrontements et de violences", a-t-elle déclaré devant des journalistes.

Lancé à l'origine contre un projet de loi aujourd'hui suspendu qui aurait autorisé l'extradition de suspects vers la Chine, le mouvement s'est élargi à la défense des libertés garanties par le principe "un pays, deux systèmes", accepté dans le cadre de la rétrocession de l'ex-colonie britannique, en 1997.

Cette formule reconnaît la souveraineté chinoise sur la "région administration spéciale" tout en garantissant son autonomie et le respect des libertés individuelles.

Pour de nombreux Hongkongais, Pékin a resserré son emprise sur le territoire et remet en cause ce principe. La contestation exige aussi la démission de Carrie Lam et une enquête sur les violences policières.

"La seconde question à laquelle j'ai déjà répondu à plusieurs reprises et bien je peux vous faire cette promesse très claire qu'au niveau politique ce projet de loi est mort (...) Il n'est pas prévu de le relancer, surtout compte tenu des préoccupations publiques", a déclaré Lam.

CAMPAGNES SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

La police a été critiquée pour avoir eu recours à des méthodes de plus en plus agressives pour disperser les manifestations. Dimanche, la présence policière était minime et aucune interpellation n'a été effectuée. Plus de 700 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement.

D'autres manifestations sont prévues dans les prochaines semaines, notamment une nouvelle grève dans différents quartiers de la ville.

Le chaos s'est propagé à l'étranger. Twitter et Facebook ont annoncé lundi avoir démantelé une campagne sur les réseaux sociaux dirigée depuis Pékin visant à discréditer et diviser le mouvement de protestation à Hong Kong.

Twitter a déclaré avoir suspendu 936 comptes et que les opérations semblaient être coordonnées par l'Etat depuis la Chine continentale, précisant que ces comptes constituaient la frange la plus active de cette campagne de dénigrement et qu'un réseau plus vaste d'environ 200.000 comptes avaient été suspendus avant d'être réellement actifs.

Pour sa part, Facebook a indiqué avoir supprimé des comptes et des pages appartenant à un petit réseau sur les conseils de Twitter. Après enquête, l'entreprise a découvert des liens avec des personnes associées au gouvernement chinois.

Twitter et Facebook sont bloqués en Chine continentale par le gouvernement mais disponibles à Hong Kong.

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Le Conseil d'Etat chinois réclame une plus grande intégration de Shenzhen, Hong Kong et Macao (Anne Marie Roantree, Donny Kwok, Clare Jim, Felix Tam, Farah Master; Arthur Connan pour le service français)