Après des tractations houleuses qui ont failli faire achopper la publication du communiqué final, les représentants du G20, réunis depuis samedi à Fukuoka au Japon, ont réaffirmé la formulation adoptée à Buenos Aires en décembre dernier, qui apportait alors un soutien mesuré au système de commerce multilatéral fondé sur des règles.

"La croissance mondiale semble se stabiliser, et devrait reprendre modérément cette année et en 2020", a déclaré le G20 dans son communiqué de clôture.

"Cependant, la croissance reste faible, avec des risques baissiers. L'aspect le plus important concerne les tensions commerciales et géopolitiques, qui se sont intensifiées. Nous continuerons de faire face à ces risques, et nous nous tiendrons prêts à prendre de nouvelles mesures", lit-on également.

Le communiqué final précise en outre que les partenaires du G20 sont convenus d'établir d'ici 2020 des règles communes pour en finir avec les niches fiscales dont bénéficient les "Gafa" comme Facebook et Google pour minimiser leurs impôts.

En vertu des nouvelles règles, la fiscalité des grandes multinationales s'alourdira et il sera plus difficile pour des pays comme l'Irlande d'attirer des investissements étrangers directs sur la promesse de taux d'imposition très bas sur les sociétés.

Le G20 s'engage à améliorer la transparence de la part des créanciers et des emprunteurs, et de rendre le développement des infrastructures plus "soutenable" - une initiative lancée à la suite des plaintes de ceux pour qui le projet massif d'infrastructures des Chinois, "Ceinture et Route", enchaîne les pays défavorisés à des dettes qu'ils ne pourront pas rembourser.

Dans sa version finale, le communiqué du G20 rejette une clause qui avait été suggérée samedi, consistant à "reconnaître la nécessité pressante de résoudre les tensions commerciales".

"UN G20 CONSTRUCTIF", POUR LE MAIRE

Cette suppression, à l'instigation des Etats-Unis selon des sources internes au G20, traduit la volonté des Etats-Unis de ne pas être gênés dans leur bras de fer avec Pékin, qui les a conduits déjà à relever sensiblement les droits de douane sur une bonne partie des produits importés de Chine. Le communiqué final ne dit pas non plus noir sur blanc que l'aggravation du conflit commercial américano-chinois nuit à la croissance mondiale.

Pour autant, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a demandé dimanche aux représentants des pays du G20, réunis à Fukuoka au Japon, de s'assigner comme priorité la résolution des tensions commerciales, afin d'atténuer les risques pesant sur la croissance mondiale.

"Nous nous sommes retrouvés à un moment où l'économie mondiale donne des signes de stabilisation et où la croissance devrait se renforcer. Cela est certes une bonne nouvelle, mais le chemin devant nous demeure précaire, assujetti à plusieurs risques baissiers", a-t-elle dit à Fukuoka, au terme du G20.

"Afin d'atténuer ces risques, j'ai souligné que la priorité numéro un devait être de surmonter les tensions commerciales actuelles, notamment en éliminant les droits de douane et en évitant d'en imposer de nouveaux", a-t-elle ajouté en estimant par ailleurs qu'il importerait de moderniser le système commercial international.

Pour le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, "Nous avons eu un G20 constructif".

"Ce G20 a été constructif sur deux points (...)", a-t-il expliqué en évoquant tout d'abord le "Financement soutenable du développement pour éviter le surendettement des pays en développement".

"Le deuxième point essentiel, c'est les progrès que nous avons enregistrés sur la taxation du numérique et sur la taxation minimale qui doivent conduire à une réforme ambitieuse de la fiscalité internationale au XXIe siècle. C'est là aussi une ambition forte de la France."

(David Lawder, avec Danielle Rouquié à Paris; Eric Faye pour le service français)

par Francesco Canepa et Jan Strupczewski

Valeurs citées dans l'article : Facebook, Alphabet