Cet organisme intergouvernemental demandera aux pays membres d'enregistrer et de surveiller les plates-formes d'échange de cryptomonnaie, qui devront procéder à des contrôles de leurs clients et signaler toute transaction suspecte afin d'éviter que les pièces numériques servent à des fins criminelles.

Simon Riondet, responsable des renseignements financiers à Europol, une agence européenne qui facilite l'échange de renseignements entre polices nationales, a déclaré à Reuters avoir constaté une utilisation croissante des cryptomonnaies pour blanchir de l'argent dans le cadre d'activités criminelles.

Europol a récemment démantelé un cartel espagnol de la drogue qui blanchissait de l'argent via deux ATM crypto, des machines qui délivrent des cryptomonnaies en échange de cash.

Les cryptomonnaies sont utilisées pour effectuer des transferts transfrontaliers et fractionner de gros transferts d'argent en de plus petites sommes, plus difficiles à détecter.

"Nous avons aussi enquêté sur le 'dark web' dans lequel les paiements sont effectués en cryptomonnaies, parfois en bitcoins, et ils passent à des cryptomonnaies plus anonymes", a-t-il dit.

Les cryptomonnaies dites de confidentialité, telles que Monero par exemple, autorisent ses utilisateurs à dissimuler presque tous les détails des transactions.

La décision du Gafi s'inscrit dans un contexte d'inquiétude croissante concernant un secteur revendiqué par certains comme étant un moyen de s'affranchir des contrôles étatiques mais perçu par les banques centrales comme une menace potentielle pour leur statut de garants du système financier.

Facebook a suscité des critiques des régulateurs et de responsables politiques en dévoilant mardi son projet pour une cryptomonnaie baptisée "Libra".

Cette initiative du Gafi représente la première tentative au niveau mondial de réglementer le marché des cryptomonnaies, évaulué à 300 milliards de dollars (265 milliards d'euros) .

Global Digital Finance, un organisme représentant les entreprises liées aux cryptomonnaies dans le monde, a salué les nouvelles règles édifiées par le Gafi.

Mais sa directrice générale Teana Baker-Taylor a souligné que ses recommandations visant à obliger les entreprises à inclure dans les transactions des détails sur les fournisseurs et les bénéficiaires pourraient être difficiles à respecter.

Il existe peu de données disponibles pour mesurer l'ampleur des opérations de blanchiment d'argent qui passent par des cryptomonnaies mais elles ne représentent probablement qu'une fraction du marché global de blanchiment d'argent.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)

par John O'Donnell et Tom Wilson