Bruxelles (awp/afp) - Les autorités chargées de la protection des données dans l'Union européenne se sont saisies mardi de l'affaire Cambridge Analytica, cette entreprise liée à la campagne électorale de Donald Trump objet de révélations sur l'utilisation de données personnelles de millions d'utilisateurs de Facebook.

Le sujet était au menu d'une réunion de ces autorités à Bruxelles, a indiqué la Commission européenne, dont une représentante va demander mardi à Washington des "clarifications" à Facebook au lendemain de la dégringolade de son cours en Bourse en lien avec cette affaire.

Le président du Parlement européen Antonio Tajani a de son côté annoncé lundi que les eurodéputés allaient "enquêter pleinement" sur cette "violation inacceptable des droits à la confidentialité des données", revélée par le New York Times et The Observer, l'édition dominicale du quotidien britannique The Guardian.

Facebook a annoncé avoir fermé le compte de Cambridge Analytica (CA), une entreprise d'analyse de données qui avait travaillé pour la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, accusée d'avoir recueilli sans leur consentement les informations personnelles de millions d'usagers du réseau social.

De son côté, CA a "nié fermement" lundi avoir utilisé ces données pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d'influencer le vote des électeurs.

Les autorités chargées de la protection des données dans les pays de l'UE "vont discuter du sujet durant une réunion" mardi à Bruxelles du "G29", leur instance de coopération européenne, a indiqué la Commission, qui souhaite que ces organismes lancent une enquête comme ils l'ont déjà fait dans une affaire concernant Uber.

Le régulateur britannique chargé de la protection des données privées a déjà indiqué qu'il voulait enquêter sur les fichiers de Cambridge Analytica. Il a précisé mardi avoir obtenu de Facebook qu'il arrête sa propre enquête car elle pouvait potentiellement compromettre celle du régulateur.

La commissaire européenne chargée de la protection des données Vera Jourova se trouvait mardi aux Etats-Unis dans le cadre de contacts réguliers avec l'administration américaine. "Son équipe est en contact avec Facebook pour trouver un créneau approprié pour discuter de l'affaire avec la compagnie", a indiqué la Commission.

"Quand Mark Zuckerberg (le patron de Facebook) va-t-il expliquer ce qui s'est passé avec nos données?", a lancé mardi sur Twitter l'eurodéputé libéral Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge.

Une commission parlementaire britannique a justement demandé mardi au patron du réseau social de comparaître devant eux pour s'expliquer.

Le Beuc, fédération européenne d'associations de consommateurs, a encouragé mardi les autorités européennes à mener des enquêtes.

"Le comportement de Facebook n'a été possible que parce que, comme Google, il fonctionne sur un modèle commercial de surveillance constante des consommateurs pour alimenter sa machinerie publicitaire comportementale", a commenté un responsable de la fédération, Guillermo Beltra.

afp/al