Les faits : 

- 13,2 milliards de dollars, c'est le chiffre d'affaires réalisé sur la période. En croissance d'un honorable 42%. Mais le consensus visait 13,3 milliards de dollars. C'est le premier raté de FB par rapport au consensus depuis 2015.
- Le titre a commencé à perdre du terrain post-séance, environ 7%. Les pertes se sont accrues à près de 24% après les commentaires du directeur financier, David Wehner, qui a indiqué que la croissance des revenus allait continuer à ralentir tout au long de l'année et que la progression des dépenses dépassera celle du chiffre d'affaires. Le recul s'est ensuite stabilisé dans la nuit à -19%, soit, sur la base de la capitalisation de la société hier (610 milliards de dollars), l'équivalent de la disparition de 116 milliards de dollars (plus que le poids de Sanofi en bourse).
- Le nombre d'utilisateurs actifs a atteint 1,47 milliard par jour fin juin, un peu moins que prévu. La base d'utilisateurs était stable en Amérique du Nord mais a reculé en Europe. Un autre élément accueilli négativement, même si la société l'a mis au passif du RGPD.
- Le consensus attendait 1,71 USD de bénéfice par action, mais FB a réalisé 1,74 USD, soit 5,11 milliards de dollars de bénéfice net sur le trimestre, en hausse de 31%. Au-dessus donc, mais sans impact sur la purge en cours.
- Mark Zuckerberg a insisté sur le fait que la hausse des dépenses est la conséquence des engagements qualitatifs promis par le groupe, qui nécessitent des investissements en moyens humains et technologiques. Un discours cohérent mais qui ne suffit pas au marché.

Quatre avis d'analystes après les comptes

- La réaction de l'analyste optimiste : "La décélération annoncée a surpris tout le monde, mais compte tenu de l'acquis de croissance du premier semestre, la prévision paraît très conservatrice. Les bears vont mettre en avant la fatigue sociale de Facebook, qu'Instagram ne parvient pas à masquer. En dépit de la décélération, je pense que les fondations bâties sur la remise à niveau de la qualité des relations et les outils de pointe vont continuer à améliorer le retour sur investissement des annonceurs. Je pense que la baisse du titre est une opportunité", selon Brent Thill, chez Jefferies, qui on l'aura compris est acheteur du titre, même si son objectif baisse de 240 à 220 USD.

- La réaction de l'analyste pessimiste : "Les résultats du second trimestre de Facebook me paraissent corrects, hormis un cash-flow opérationnel un peu léger. Le gros événement tourne autour des craintes de décélération au second semestre. Comme je l'ai déjà beaucoup écrit par le passé, l'industrie de la publicité, et la publicité digitale n'y échappe pas, a des limites de croissance, qui constituent le premier facteur pesant sur le potentiel de revenus de Facebook. La décélération dépeinte par le management laisse penser que si la société continuera à grandir de façon rapide, le nombre de jours de la croissance à plus de 30% est compté", précise Brian Wieser, chez Pivotal Research, conforté dans sa recommandation à la vente.

- La réaction de l'analyste qui dégrade : Donnons la parole à Mark Kelley, chez Nomura, qui passe d'achat à neutre et ramène son objectif de 228 à 183 USD. "Il est possible, et probable de mon point de vue, que le management se montre excessivement conservateur au niveau des marges, à l'heure où il doit investir à la fois dans la sécurité et les produits", précise-t-il, en ajoutant que les investissements sécuritaires et sur la vie privée sont de toute façon nécessaires pour cimenter la communauté et donc voir les revenus publicitaires croître. Mais, alors, pourquoi réviser en baisse la recommandation ? "Notre modèle repose désormais sur une profil de croissance et de marge révisé de fond en comble… la stagnation de la croissance des utilisateurs cœur de cible conduit à trop d'incertitude à court et moyen terme", répond Kelley. 

- La réaction de l'analyste qui en a vu d'autres : "En dépit de perspectives moins solides que ce que j'avais prévu, je continue à voir de nombreux éléments de nature à rester positif sur le dossier", écrit pour sa part Michael Pachter dans un commentaire tout frais. "Même si la plateforme Facebook commence à voir sa croissance ralentir, les autres produits de la société continuent à afficher des taux de croissance impressionnants", tempère l'analyste de Wedbush Morgan qui, on l'aura compris, reste acheteur en visant 250 USD (contre 275 USD auparavant). Les choses devraient rentrer dans l'ordre en 2019 pour Facebook, qui devrait continuer à faire croître ses bénéfices pendant plusieurs années, poursuit Pachter, qui s'attend à une correction imméritée, compte tenu d'un multiple de 20 fois l'Ebitda tout à fait raisonnable. 

Autour de 13h00, les indicateurs de préouverture placent Facebook en baisse d'environ 19% dans les premiers échanges, à 176 USD environ. Le titre a oscillé entre 175,65 et 181,90 USD ces dernières heures, pour une clôture de 217,50 USD mercredi.