actualisé avec la dixième victime, situation à Paris, Versailles et en régions

PARIS (awp/afp) - Peu de "gilets jaunes" sont mobilisés samedi matin en France, lors de cette nouvelle journée d'action, alors que des blocages se sont poursuivis dans la nuit et qu'un automobiliste a été tué au niveau d'un barrage près de Perpignan.

Dans la capitale, théâtre de violents affrontements lors de manifestations précédentes, la circulation était normale sur les Champs-Élysées vers 10H00, avec une présence discrète des forces de l'ordre. Contrairement aux cinq samedis précédents, la circulation est possible également place de la Concorde.

Sur les Champs, les cafés et restaurants ont déployé normalement leurs terrasses et la quasi-totalité des magasins exhibait leur vitrine. Seules quelques boutiques de luxe sont restées fermées.

Vers 10H00, vingt "gilets jaunes" étaient présents en haut de l'avenue, en face de l'Arc-de-Triomphe, a constaté l'AFP.

David Delbruyère, 48 ans, arrivé de Maroilles (nord) par le train, a dormi "dans un abribus en face de la Tour Eiffel". C'est la cinquième fois qu'il vient à Paris pour manifester. "Je suis dégoûté. Je pense que ça va arriver", affirme-t-il face à la faible mobilisation.

Les commerces parisiens, qui doivent accueillir de nombreux clients avant Noël, ont été "invités à faire preuve de vigilance" par la préfecture de police.

En début de matinée, un appel a été lancé sur la page facebook d'Eric Drouet, l'une des figures du mouvement, pour aller sur la butte Montmartre, où plusieurs dizaines de "gilets jaunes" sont rassemblés.

Les autorités surveillent aussi Versailles, où plusieurs milliers de personnes se sont déclarées "intéressées" par une manifestation organisée entre autres par Éric Drouet, sur l'avenue de Paris, juste en face du château.

Une vingtaine de gilets jaunes sont arrivés sur l'avenue, au milieu d'un important dispositif policier, selon l'AFP. Les forces de l'ordre contrôlent cabas et sacs à dos. Des passants peuvent faire leurs courses normalement, les commerces ayant ouvert.

Un "gilet jaune" explique qu'il est là "pour dénoncer les privilèges de certains".

Par crainte de débordements, le domaine et le château de Versailles, visité par des millions de personnes chaque année, ont été fermés "de manière préventive".

La semaine dernière, environ 69.000 membres des forces de l'ordre avaient été déployés, dont 8.000 à Paris, appuyées par des véhicules blindés de la gendarmerie.

Dixième mort

Ces véhicules blindés sont à nouveau mobilisés samedi, a fait savoir l'Intérieur. Ils sont "positionnés" en province, à Toulouse, Bordeaux et dans les Bouches-du-Rhône et "en alerte" à Paris.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une dixième personne est décédée en marge du mouvement. Un automobiliste est mort après avoir percuté un camion bloqué à un barrage filtrant de "gilets jaunes", à l'entrée d'autoroute de Perpignan-sud, à indiqué à l'AFP le procureur de Perpignan, Jean-Jacques Fagni.

Des "gilets jaunes" ont aussi appelé à bloquer le passage des camions aux frontières. Des gendarmes ont ainsi débloqué vers 06H00 l'autoroute A63 à hauteur de Biriatou à la frontière entre la France et l'Espagne, où une cinquantaine de "gilets jaunes" bloquent des poids-lourds depuis trois heures du matin.

Des blocages ont également été signalés dans la nuit dans le Nord, sur les autoroutes A2 et A22, à la frontière belge.

Selon Vinci, quelques entrées, sorties et barrières de péage sont encore fermées sur le réseau, notamment sur l'autoroute A7.

À 10H00, une petite trentaine de "gilets jaunes" étaient réunis à Lyon, place Bellecour.

Des manifestations sont prévues à Toulouse, Orléans, Bordeaux, ou en Bretagne, notamment. En Gironde, une source au sein du mouvement a expliqué à l'AFP que certains "gilets jaunes" envisageaient des "actions économiques", comme le blocage de centres commerciaux.

Depuis le pic du 17 novembre et les 282.000 manifestants recensés, la mobilisation est en baisse. Ils étaient 166.000 "gilets jaunes" à manifester le 24 novembre, 136.000 les 1er et 8 décembre et 66.000 le 15 décembre.

Et le ministère de l'Intérieur a décompté 3.680 "gilets jaunes" jeudi, soit l'étiage le plus bas depuis le début de ce mouvement né en réaction, à une hausse prévue des taxes sur les carburants - que le gouvernement a depuis annulée.

Vendredi, le Parlement a donné son feu vert à des mesures d'urgence économiques et sociales: défiscalisation des heures supplémentaires, exonération élargie de hausse de CSG pour des retraités et possibilité pour les entreprises de verser une "prime exceptionnelle" de 1.000 euros, exonérée de toutes cotisations sociales et d'impôt sur le revenu, pour leurs salariés rémunérés jusqu'à 3.600 euros.

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