L'offre publique amicale, approuvée à l'unanimité par le conseil d'administration de Safran et le conseil de surveillance de Zodiac, prévoit une offre principale d'achat en numéraire, non plafonnée, visant la totalité du capital de Zodiac au prix unitaire de 25 euros, contre 29,47 euros par action dans le projet d'origine annoncé en janvier.

L'opération, ramenée à 6,8 milliards d'euros contre 8,2 milliards précédemment, intègre aussi une offre d'échange subsidiaire, plafonnée à 31,4% du capital de Zodiac, rémunérée en actions de préférence Safran selon une parité d'échange comprise entre 0,3 et 0,332.

Ce dispositif simplifie le montage complexe du départ, qui avait été élaboré pour convaincre les familles propriétaires de 29% de Zodiac d'accepter l'offre tout en leur permettant de conserver les bénéfices de dispositifs fiscaux.

A la différence du projet initial, la nouvelle mouture de l'offre ne prévoit d'ailleurs plus de pacte d'actionnaires entre les grands actionnaires de Zodiac à même de protéger ces avantages fiscaux.

Malgré un "profit warning" de Zodiac et la fronde du fonds activiste TCI contre le mariage Safran-Zodiac, les deux groupes avaient dit en avril poursuivre leurs discussions de fusion. Le départ du président du directoire de Zodiac Olivier Zarrouati a également été programmé ainsi que l'arrivée de l'ex-PDG de l'équipementier automobile Faurecia comme conseiller spécial.

"Les analyses complémentaires réalisées par Safran ont permis de confirmer la forte logique stratégique et le potentiel de création de valeur de l'opération", ont indiqué les deux groupes dans un communiqué commun.

D'ICI À JANVIER PROCHAIN

Safran et Zodiac attendent toujours de leur rapprochement 200 millions d'euros de synergies de coûts par an avant impôts.

Safran a ajouté qu'à l'issue de l'offre publique, il avait l'intention de procéder à un programme de rachat d'actions ordinaires d'un montant de 2,3 milliards d'euros sur deux ans.

Pour le moment, TCI n'a pas souhaité commenter les nouveaux termes de l'offre de fusion.

La finalisation de l’offre publique est attendue d’ici début janvier 2018.

La direction de Safran a assuré qu'aucun traitement de faveur n'avait été accordé à TCI dans le cadre de la préparation de la nouvelle offre.

"Nous avons écouté tous nos actionnaires", a déclaré Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran, lors d'une conférence téléphonique avec la presse. "Il n'y pas de traitement spécifique pour tel ou tel (actionnaire, NDLR)."

Il a aussi indiqué que ce nouveau projet n'était pas l'objet de discussions avec le nouveau gouvernement et le nouveau chef de l'Etat Emmanuel Macron.

"C'est une offre entre industriels", a dit Philippe Petitcolin.

La cotation des titres des deux équipementiers aéronautiques a été suspendue mercredi matin sur Euronext Paris dans l'attente de ces annonces. Elle reprendra jeudi à 9h.

Le fonds TCI, qui a lutté plus de trois mois contre le rachat de Zodiac par Safran, a demandé le 12 mai au conseil d'administration de celui-ci d'abandonner son offre pour se concentrer sur les problèmes du nouveau moteur LEAP.

Au cours d'une téléconférence avec les analystes, Philippe Petitcolin a déclaré que le programme LEAP restait la priorité opérationnelle du groupe.

Le directeur général de Safran a fait part de sa confiance dans la capacité à résoudre les difficultés opérationnelles que rencontre Zodiac dans certaines de ses activités.

PRUDENCE SUR LES OBJECTIFS

Mais compte tenu d'un redressement plus lent que prévu de Zodiac, Safran indique être "plus conservateur" dans ses objectifs financiers. Le groupe explique ainsi qu'il devrait atteindre son objectif de rentabilité des capitaux investis dans 3 à 4 ans, et non plus dans trois ans.

Zodiac, de son côté, a déclaré au cours de sa propre téléconférence que l'hypothèse d'un Zodiac indépendant avait été étudiée mais qu'il ne s'agissait pas du scénario préféré.

"Les familles devront regarder si une augmentation de capital, qui s'imposerait si Zodiac décidait de rester indépendant, est plus acceptable que la nouvelle offre de Safran", a commenté un spécialiste du secteur.

Les familles fondatrices actionnaires ont jusqu'au 9 juin pour signer des engagements d'apport représentant environ 17% du capital.

Safran et Zodiac ont annoncé que des actionnaires familiaux ainsi que deux actionnaires de référence, dont la holding FFP, devraient s'engager à apporter des titres à l'offre.

Une source financière avait déclaré mi-avril que Safran étudiait un plan de secours pour revoir à la baisse et éventuellement simplifier son offre. La source avait également indiqué que la nouvelle structure de l'offre pourrait mixer numéraire et actions.

Avant sa suspension en début de matinée, le titre Zodiac reculait de 0,46% à 22,965 euros, en deçà des 29,47 euros de la première offre de Safran.

Le titre Safran a progressé de 20% depuis l'annonce du projet d'offre le 19 janvier tandis que Zodiac a perdu autant.

(Avec Blandine Hénault et Matthieu Protard, édité par Dominique Rodriguez)

par Gilles Guillaume et Tim Hepher

Valeurs citées dans l'article : SAFRAN, Zodiac Aerospace, FFP