ROME (awp/afp) - La presse et une partie de la classe politique italienne saluaient dimanche "la fin d'une époque" avec le départ de Sergio Marchionne, patron emblématique de Fiat pendant 14 ans mais désormais "en fin de vie", selon plusieurs medias.

"Marchionne, la fin d'une époque", titrait le Corriere della Serra, premier quotidien du pays, au lendemain des conseils d'administration qui ont désigné ses successeurs à la tête de Fiat Chrysler (FCA), Ferrari et CNH Industrial, les trois groupes contrôlés par la famille Agnelli.

Hospitalisé à Zurich depuis une opération fin juin à une épaule, Sergio Marchionne, 66 ans, a souffert de complications en série jusqu'à une nouvelle "détérioration" vendredi, "cette fois-ci sans retour. Le patient ne réagit plus", selon La Repubblica.

Contacté par l'AFP, l'hôpital s'est refusé à tout commentaire sur ses patients.

"C'est une terrible nouvelle", a réagi Marco Bentivoglio, secrétaire général de la branche métallurgie du syndicat CISL. "Nous avons eu des divergences sur certaines choses (...) mais ensemble nous avons défié la petite Italie paresseuse qui préfère fermer les usines plutôt que se retrousser les manches".

En 14 ans, Sergio Marchionne a profondément remodelé Fiat, le premier employeur privé d'Italie, d'abord en redressant l'entreprise, puis en l'alliant en 2009 à l'américain Chrysler, tout en détachant d'une part les activités gros engins/camions en 2011 pour créer CNH Industrial et d'autre part le joyau Ferrari en janvier 2016.

"Marchionne a été un grand protagoniste de la vie économique des 15 dernières années (...) Il a réussi à donner un avenir à Fiat quand cela semblait impossible. Il a créé des emplois, pas des chômeurs. Chapeau", a salué l'ancien chef du gouvernement, Matteo Renzi (centre gauche).

Un temps proche de M. Renzi, M. Marchionne avait ensuite pris ses distances, mais pas au point de mener la coalition de droite aux législatives de mars comme avait essayé de le convaincre Silvio Berlusconi.

L'actuel gouvernement populiste est resté plus discret, même si le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, chef de file de l'extrême droite, lui a adressé sa "reconnaissance et son respect, ainsi que ses meilleurs voeux".

Au-delà de la santé de M. Marchionne, la presse italienne s'interrogeait sur sa succession.

"L'inquiétude pour la vie même d'un des managers les plus estimés au monde se mêle aux interrogations légitimes sur l'avenir du 7e groupe automobile du globe, qui - nous ne pouvons pas l'oublier - a incarné dans l'histoire de notre pays l'idée même d'industrie moderne", écrit ainsi Dario Di Vico, éditorialiste du Corriere.

Mais d'une manière générale, les médias italiens notent que la succession, même précipitée, s'inscrit dans la continuité: les quatre personnes nommées pour reprendre ses multiples casquettes étaient déjà tous des dirigeants ou administrateurs des groupes concernés, à commencer par Mike Manley, le patron de Jeep, qui reprend les rênes de FCA.

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