La Commission explique dans un communiqué qu’elle redoute que cette acquisition se traduise par une réduction de la concurrence sur le marché mondial de la construction navale de croisière.

"L'opération est susceptible de réduire de manière significative la concurrence sur le marché de la construction navale de croisière, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix, une réduction du choix et une moindre incitation à l'innovation", souligne l’exécutif européen dans ses conclusions préliminaires.

"La Commission a également conclu, à titre préliminaire, que les gros clients ne disposeraient pas d'une puissance d'achat suffisante pour parer à tout risque d'augmentation des prix qui résulterait de l'opération", ajoute la Commission.

La Commission fait savoir qu’elle dispose de 90 jours ouvrés pour mener son enquête approfondie, soit jusqu’au 17 mars 2020.

Des sources proches du dossier ont toutefois dit à Reuters mardi que l’enquête pourrait être prolongée de jusqu’à cinq mois.

A Paris, Bercy a fait savoir que le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, "reste très attaché au projet de rapprochement entre les Chantiers de l’Atlantique et Fincantieri".

"Nous sommes convaincus que la consolidation du secteur de la construction navale européenne est indispensable pour renforcer sa compétitivité et pour dégager les ressources nécessaires qui financeront l’innovation face aux concurrents, notamment chinois, dont l’arrivée sur le marché est une réalité", ajoute le ministère.

Fincantieri, qui met en avant la nécessité de faire face à la concurrence des chantiers navals asiatiques, veut acquérir auprès de l'Etat français 50% des parts des Chantiers de l'Atlantique.

En vertu d'un accord conclu en septembre 2017, la France a parallèlement accepté de prêter 1% des parts au groupe italien pour lui permettre de prendre le contrôle opérationnel de la compagnie sous condition d'engagements concernant l'emploi, la gouvernance et la propriété intellectuelle.

Basés à Saint-Nazaire, les Chantiers de l'Atlantique, ex-STX France, sont les seuls chantiers navals français capables de produire des navires de fort tonnage, comme des porte-avions et d'autres bâtiments militaires, ce qui en fait un actif national stratégique.

(Foo Yun Chee avec Michel Rose et Matthieu Protard à Paris; édité par Henri-Pierre André)