Les deux constructeurs ont profité du salon automobile de Detroit pour faire cette annonce, qui commencera par un partenariat en 2022 dans la commercialisation de vans et de pickups de taille moyenne. L'opération ne comporte aucun volet lié à une fusion ou une prise de participation capitalistique.

L'élargissement de l'alliance, qui sera dirigée par un comité mixte comprenant les patrons des deux sociétés, intervient à un moment où le secteur fait face à des pressions croissantes liées aux tensions commerciales et à des normes plus strictes en matière d'émissions polluantes.

L'automobile doit en outre se préparer à l'avènement de la voiture électrique et autonome, ainsi qu'aux futurs services de mobilité.

"Cette alliance va aider nos deux entreprises à créer de la valeur et à répondre à l'évolution des besoins de nos clients", déclare Jim Hackett, président de Ford Motor Company, cité dans un communiqué.

"Cela ne va pas seulement contribuer à améliorer nos efficiences respectives mais nous permettra également d'imaginer ensemble les nouvelles mobilités de demain", ajoute-t-il.

Dans le cadre de leur alliance, Ford va développer et produire des pickups de taille moyenne pour les deux sociétés, qui seront commercialisés dans le monde entier dès 2022. Le groupe américain prendra également en charge le développement et la production des grands véhicules utilitaires pour l'Europe, tandis que Volkswagen se focalisera sur les utilitaires compacts.

Ford indiquera dans les prochaines semaines l'impact de l'alliance sur ses activités régionales, mais ne prévoit aucune suppression de poste dans ses usines pour le moment, a indiqué Jim Hackett.

Les deux constructeurs estiment que leur alliance dans les utilitaires va améliorer le résultat opérationnel annuel imposable à compter de 2023.

Volkswagen et Ford ont par ailleurs signé un protocole d'accord pour le développement conjoint de véhicules électriques et autonomes, a déclaré Herbert Diess, le président du directoire du constructeur allemand, dans un discours dont Reuters s'est procuré une copie.

L'action VW gagnait 0,18% à 144,40 euros vers 14h50 GMT à la Bourse de Francfort. Le titre Ford reculait, lui, de 2,33% à 8,78 dollars à Wall Street.

RALENTISSEMENT EN CHINE ET AUX USA

VW et Ford souhaitent coopérer plus étroitement dans un contexte de tensions commerciales qui obligent les groupes automobiles à repenser la manière dont ils construisent les véhicules destinés à leurs différents marchés, l'Europe, les Etats-Unis et la Chine. S'y ajoutent des coûts de développement élevés pour respecter les normes plus strictes en matière d'émissions polluantes.

Le ralentissement des principaux marchés automobiles, Chine et Etats-Unis, ont accentué la nécessité de réduire les coûts.

Le rapprochement avec Volkswagen est un pari de taille pour le PDG de Ford Jim Hackett, alors que certains analystes et investisseurs ont déploré des performances boursières décevantes et un manque de précisions sur la restructuration à 11 milliards de dollars (9,6 milliards d'euros) annoncée par le groupe américain.

Ford a annoncé la semaine dernière qu'il allait supprimer des milliers d'emplois, cesser l'assemblage des véhicules les moins rentables et qu'il envisageait de fermer des usines dans le cadre du redressement de ses activités européennes non rentables.

Pour financer ses investissements dans l'électrique, Volkswagen a dit le mois dernier dit qu'il allait économiser trois milliards d'euros de plus que prévu. Il a annoncé lundi un investissement de 800 millions de dollars (697 millions d'euros) destiné à la production d'un nouveau véhicule électrique dans son usine de Chattanooga, dans le Tennessee.

Mais la Maison blanche souhaite mettre fin aux subventions sur les véhicules électriques.

(Avec Nick Carey à Detroit, Makini Brice à Washington; Dominique Rodriguez et Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et Catherine Mallebay-Vacqueur)

par Ben Klayman et Jan Schwartz