Londres (awp/afp) - L'industrie automobile britannique a pressé mardi le prochain Premier ministre britannique d'éviter à tout prix un Brexit sans accord, qui ferait perdre au secteur jusqu'à 70 millions de livres par jour.

L'Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT) a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme à l'occasion d'une conférence annuelle à Londres regroupant les professionnels du secteur.

"Le succès de notre industrie s'est construit sur le libre-échange (...) Je le répéterai jusqu'à ce que mort s'ensuive, mais nous avons besoin d'un accord", a lancé Mike Hawes, directeur général de la SMMT, lors de son discours.

La SMMT a demandé au prochain premier ministre britannique d'avoir comme priorité la signature d'un accord avec l'Union Européenne, alors même que le favori pour le poste, Boris Johnson, n'a pas écarté un "no deal" fin octobre.

Un Brexit "dur" "n'est pas une option dans notre industrie et nous n'avons pas le temps d'attendre", a ajouté M. Hawes, dans un communiqué publié au début de la conférence.

Selon les professionnels du secteur, quitter l'UE sans accord aurait pour conséquence le rétablissement des contrôles douaniers aux frontières, menant à des retards lors de la livraison de pièces automobiles.

Chaque minute de retard pourrait occasionner jusqu'à 50.000 livres de pertes à l'industrie automobile britannique, soit 70 millions de livres par jour, calcule la SMMT.

Selon les chiffres de l'association, l'industrie automobile représente 14% des exportations de biens venant du Royaume-Uni, rapportant 18,6 milliards de livres à l'économie britannique.

Au total, 52,6% des voitures fabriquées au Royaume-Uni sont exportées à destination de l'Union Européenne.

Dans ce contexte incertain, la SMMT a annoncé par ailleurs avoir noué un accord de coopération avec son homologue chinois, la CAAM, qui pourrait déboucher à l'avenir sur des partenariats dans les véhicules propres et autonomes.

Le secteur s'inquiète d'autant plus du scénario d'un Brexit sans accord qu'il est déjà fragilisé par plusieurs annonces récentes de fermetures d'usine qui ont eu un effet retentissant au Royaume-Uni, sur fond de ralentissement économique mondial et de désaffection du diesel.

Le constructeur Honda a annoncé la fermeture de son usine de Swindon (sud-ouest de l'Angleterre) et l'américain Ford celle de son usine de moteurs de Bridgend, au Pays de Galles. Les deux groupes ont toutefois pris soin de ne pas mettre ces décisions sur le compte du Brexit.

afp/rp