VW étudie aussi d'autres domaines de coopération avec l'américain Ford, a ajouté Herbert Diess lors d'une conférence de presse à Wolfsburg, où se trouve le siège mondial de VW et sa plus grande usine.

"La première génération de véhicules électriques aura du mal à atteindre le niveau de marges que nous voyons aujourd'hui, mais nous pensons que tous les véhicules seront rentables", a-t-il dit.

La production en masse de voitures électriques permettra de ramener leur coût au niveau de celui des véhicules diesel actuels, a-t-il ajouté.

"Des véhicules vraiment passionnants, des économies d’échelle importantes : je pense que nous serons l’entreprise la plus rentable dans le domaine des véhicules électriques."

En Bourse, l'action VW a perdu 2,5% à 143,94 euros tandis que l'indice européen des valeurs de l'automobile n'a cédé que 0,9%.

"PLUS EFFICACE, PLUS PRODUCTIF, PLUS RENTABLE"

Le plan adopté par le conseil de surveillance de Volkswagen constitue le changement de stratégie le plus radical chez VW depuis l'éclatement du scandale du "dieselgate" en 2015.

Le groupe allemand a précisé qu'il réorganiserait trois de ses usines situées en Allemagne pour produire des voitures électriques et qu'il étudierait des alliances avec des fabricants de batteries électriques et des constructeurs automobiles concurrents.

VW veut accroître la productivité dans ses usines de 30% d'ici 2025 en assemblant davantage de véhicules de marques différentes sur les mêmes plates-formes de production. Il veut abaisser le ratio des dépenses de recherche & développement de sa division automobile pour le ramener à 6% dès 2020.

"Volkswagen doit devenir plus efficace, plus productif et plus rentable afin de financer les énormes dépenses à venir et rester compétitif", a déclaré Herbert Diess.

CRAINTES POUR L'EMPLOI

Les syndicats, qui contrôlent la moitié des sièges au conseil de surveillance de Volkswagen, doivent encore approuver ce plan qui vise une capacité de production mondiale d'un million de véhicules électriques d'ici 2025, alors que l'assemblage des voitures électriques nécessite moins de main-d'oeuvre que celles à moteur thermique.

En Allemagne, 436.000 emplois industriels sont liés à la production de véhicules à essence et à moteur diesel.

Des emplois sont menacés, selon les analystes d'ING, car le moteur thermique, le système d'échappement et la transmission d'une voiture traditionnelle comprennent au total 1.400 composants tandis que la batterie et le moteur d'une voiture électrique ne comptent que 200 composants.

La direction de Volkswagen a présenté cette semaine des plans de conversion des usines de Zwickau, Emden et Hanovre pour y assembler des voitures électriques, en apportant des garanties d'emploi aux salariés jusqu'en 2028.

La Volkswagen ID, première voiture produite sur la plate-forme MEB du groupe dédiée aux véhicules électriques, devrait sortir en 2019 de l'usine de Zwickau, qui assemble actuellement les Golf et les Golf Estate, et le site atteindra une capacité de production de 330.000 véhicules électriques.

UN ACCORD-CADRE ESPÉRÉ AVEC FORD

Herbert Diess a également espéré qu'un accord-cadre sur la coopération avec Ford, axé pour commencer sur les véhicules commerciaux, serait concrétisé d'ici la fin de l'année.

Une fusion avec Ford n'est pas à l'ordre du jour et VW ne prévoit pas d'entrer au capital du groupe américain, a-t-il précisé.

La plate-forme MEB intéresse Ford alors que les deux constructeurs mènent des discussions exploratoires en vue d'une alliance dans les véhicules autonomes et électriques.

"Nos deux entreprises se complètent très bien en termes de produits et de régions. Le développement et la fabrication en commun d'une gamme de véhicules utilitaires légers est au coeur de la coopération envisagée", a déclaré Herbert Diess.

VW table sur des synergies significatives d'une alliance qui pourrait permettre de développer des camionnettes Amarok de nouvelle génération et d'autres véhicules utilitaires sport, a-t-il ajouté.

Le PDG de Ford, Jim Hackett, a déclaré à Reuters cette semaine que son groupe était disposé à ce que des constructeurs automobiles et d'autres investissent dans sa division dédiée à la voiture autonome, tout en estimant qu'étendre les partenariats avec Volkswagen était une "danse délicate".

(Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Edward Taylor

Valeurs citées dans l'article : Ford Motor Company, Volkswagen, SK Innovation Co Ltd