par Marie Mawad

Touché ces derniers mois par une vague de suicides d'employés, le groupe a ajouté lors d'une conférence téléphonique qu'il n'excluait pas de devoir enregistrer une provision de l'ordre d'un milliard d'euros en 2009, liée à l'éventuelle adoption d'un plan de temps partiel pour seniors.

Un tel plan est actuellement en discussions avec les syndicats, a précisé Gervais Pellissier, directeur financier, lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes.

Interrogé sur le réalisme du montant d'un milliard d'euros, il a répondu : "L'ordre de grandeur évoqué n'est pas fondamentalement éloigné de nos hypothèses de travail, mais ça mérite d'être encore précisé".

Vers 12h25, le titre cédait 2,08%, à 17,39 euros, accélérant son recul, après avoir été dans le vert en début de séance.

Le premier opérateur télécoms français a annoncé dans un communiqué un chiffre d'affaires de 12.686 millions d'euros au troisième trimestre, en recul de 6,4%, ainsi qu'un Ebitda en baisse de 8,0%, à 4.558 millions d'euros, faisant ressortir une marge opérationnelle de 35,9%.

Cette marge a reculé de 0,7 point, conformément aux prévisions du groupe, qui tablait au second semestre sur une dégradation comparable à celle de la première moitié d'année.

Le consensus Reuters compilé par la rédaction anticipait en moyenne un chiffre d'affaires de 12.811 millions d'euros et un Ebitda de 4.580 millions, soit une marge de 35,7%.

Le niveau de Capex s'est élevé à 1.207 millions d'euros, soit 9,5% des ventes, à comparer avec 1.375 millions anticipés.

"Les investisseurs s'inquiètent moins des taux de croissance des opérateurs télécoms. Ce qui leur importe, c'est le niveau de cash que ces groupes peuvent générer. Or, France Télécom a publié un Ebitda en ligne avec le consensus et réitéré sa prévision de cash flow organique", juge un analyste à Londres.

ÉVENTUELLE PROVISION DANS LES COMPTES 2009

Certains analystes ont récemment fait part d'inquiétudes sur la capacité du groupe à mener à bien son programme de réductions de coûts, alors que la vague de suicides chez France Télécom a conduit l'entreprise à suspendre les restructurations jusqu'à la fin de l'année 2009.

L'opérateur télécoms, dont 25 employés se sont suicidés au cours des 20 derniers mois, s'est engagé à arrêter la fermeture et les fusions de sites jusqu'au 31 décembre, date de la fin des négociations avec les syndicats sur les conditions de travail.

"Ce qui pourrait avoir des conséquences sur les comptes du groupe, c'est s'il était finalement décidé un plan de temps partiel pour les travailleurs seniors, qui pourrait conduire à un provisionnement dans les comptes de 2009, mais avec un effet positif sur les années 2010, 2011 et 2012", a expliqué Gervais Pellissier.

Des discussions sont en cours avec les organisations syndicales sur une telle proposition visant l'instauration d'un temps partiel senior, a-t-il précisé.

Il a ajouté que l'activité commerciale du groupe n'avait pas pâti des bouleversements sociaux de l'entreprise, et qu'il n'attendait pas d'impact sur le résultat opérationnel en 2009.

PAS DE REPRISE AU 4E TRIMESTRE

France Télécom a confirmé l'ensemble de ses objectifs pour 2009, en particulier un cash flow organique de huit milliards d'euros et un taux d'investissement de près de 12% des ventes.

Le groupe n'attend pas de changement de tendance de son activité au quatrième trimestre par rapport au troisième.

"On s'attend aussi à préserver la marge d'Ebitda, à limiter l'érosion à ce qu'elle est aujourd'hui. On s'attend à investir un peu plus en valeur absolue par rapport au troisième trimestre", a expliqué Gervais Pellissier.

Concernant 2010, il a toutefois estimé que l'incertitude sur une éventuelle reprise de l'activité restait importante. "Si l'activité se stabilise en 2010 par rapport à 2009, on considère que nos objectifs de moyen terme seront tenus", a-t-il expliqué.

Ces indications "sécurisent le dividende pour une valeur qui affiche un des rendements les plus élevés du secteur", a estimé CM-CIC Securities dans une note.

A moyen terme, l'opérateur télécoms vise à maintenir son taux de distribution de dividende à au moins 45% du cash flow organique, ainsi qu'un ratio de dette nette sur Ebitda inférieur à deux ainsi.

Pour maintenir cette structure financière, aucune acquisition de grande envergure n'est envisagée dans les mois qui viennent, a réaffirmé Gervais Pellissier.

Marie Mawad, édité par Jean-Michel Bélot