Zurich (awp) - Malgré les critiques de son actionnaire de référence, l'allemand Freenet, Sunrise ne remet pas en question la reprise du câblo-opérateur zurichois UPC. "Nous sommes convaincus que nous finaliserons la transaction" a confié jeudi à Reuters Olaf Swantee, le directeur général du numéro deux helvétique des télécommunications".

De manière générale, les signaux provenant des autres actionnaires sont favorables, a expliqué M. Swantee. "Nous sommes convaincus de pourvoir rallier les investisseurs à notre cause", a poursuivi le Néerlando-Suisse à l'issue d'une tournée européenne de promotion.

Sunrise a annoncé fin février vouloir acquérir au groupe américain Liberty Global sa filiale helvétique UPC pour 6,3 milliards de francs suisses. L'opérateur établi à Zurich entend financier l'acquisition via une augmentation de capital de 4,1 milliards, une somme supérieure à la valeur boursière de l'entreprise. Les investisseurs ont manifesté leur mécontentement, l'action Sunrise ayant perdu près de 8% depuis l'annonce de la transaction.

Freenet, qui détient près du quart des actions Sunrise (24,5%), s'est illustré comme l'opposant le plus farouche à l'acquisition du concurrent UPC. L'opérateur allemand, qui comprend certes la logique de cette prise de contrôle, a cependant fait part de ses doutes quant à la structure de la transaction, en particulier l'augmentation de capital à laquelle il n'entend pas prendre part.

Des propos surprenants

"Les propos du chef des finances de Freenet, selon lesquels l'entreprise souhaite des changements fondamentaux à la structure de la transaction, nous ont quelque peu surpris", a pour sa part indiqué son homologue de Sunrise, Andre Krause. "Tous les détails de la transaction ont fait l'objet de discussions au sein du conseil d'administration durant une année et nous disposons d'un accord signé."

De toute manière, Freenet ne peut pas faire capoter seul l'acquisition, le vote de l'assemblée générale concernant la reprise d'UPC intervenant à la majorité des actions représentées. En principe, 60 à 70% des actionnaires participent aux réunions ordinaires, un chiffre susceptible cependant d'augmenter pour une assemblée générale extraordinaire, note M. Krause.

Cette réunion devrait être organisée quelques semaines après l'annonce de la décision de la Commission de la concurrence concernant l'acquisition d'UPC. Optimiste, Sunrise s'attend à recevoir le feu vert des gardiens du libre-marché au plus tard en septembre.

Ces derniers jours, MM. Swantee et Krause ont fait la promotion de l'opération auprès des investisseurs en Angleterre, en Amérique du Nord, en France, en Allemagne et en Suisse. "Nos arguments se sont révélés très convaincants", a indiqué M. Krause.

"Il s'agit de donner naissance à un nouveau champion national, en mesure de mettre au défi le numéro un Swisscom", a rappelé M. Krause. L'opération génère de la croissance et offre un potentiel de synergies considérables. D'importants fonds d'investissements anglo-saxons sont intéressés.

Prix élevé

Les analystes se montrent eux plus prudents quant à un éventuel succès de la transaction, même si celle-ci pourrait se révéler très favorable du point de vue stratégique. Les experts de Berenberg jugent par exemple le prix trop élevé au vu de la rentabilité fléchissante d'UPC.

Du côté des responsables de Sunrise, pas question de revoir les contours de l'opération. "Nous n'avons pas de plan B" et "nous ne mènerons pas de nouvelles discussions", a dit M. Swantee.

Sunrise a évalué toutes les hypothèses, y compris, une fusion, une reprise et une participation minoritaire de Liberty Global, a déclaré son patron. La voie solitaire constitue la seule alternative.

Sunrise, dont la principale force réside dans sa forte présence dans les télécommunications mobile, pourrait ainsi continuer à recueillir un certain succès, mais devrait renoncer aux nombreux avantages qu'offre la transaction avec UPC, à savoir une solide infrastructure d'accès à internet, une base de clients élargie et des synergies en matière de coûts, selon M. Swantee. "Un meilleur projet pour Sunrise ne devrait pas se présenter ces prochaines années", a-t-il jugé.

vj/al