Le 31 janvier, Fujifilm a annoncé qu'il allait prendre le contrôle de Xerox et l'intégrer à leur coentreprise Fuji Xerox, dont il détient 75% du capital, dans le cadre d'une opération de 6,1 milliards de dollars (4,9 milliards d'euros) destinée à réaliser des économies d'échelle.

La coentreprise a pris des formes diverses depuis 1962 et la dernière structure en date remonte à 2001.

Selon Deason, les accords passés entre les deux firmes dans le cadre de cette coentreprise comportent une clause confidentielle dite de "joyau de la couronne" qui donne à Fuji le contrôle des droits de propriété intellectuelle et des droits de fabrication de Xerox dans la région Asie-Pacifique si Xerox vend une participation de 30% à un tiers.

"Le but final pour Xerox - se vendre à Fuji - a été établi voici 17 ans avec cette clause de 'joyau de la couronne' confidentielle bénéficiant à Fuji et dont les actionnaires n'avaient pas la moindre idée", affirme Deason.

Une telle clause permet de vendre les actions ou les actifs d'une entreprise à un investisseur privilégié par la direction afin d'empêcher toute OPA hostile.

Xerox dit de son côté que Carl Icahn était au courant des conditions des accords par l'intermédiaire de son représentant au conseil d'administration, Jonathan Christodoro, et qu'il en était de même de Deason lorsqu'il lui avait vendu sa société ACS

en 2009.

"Ces documents ont depuis été rendus publics. Que l'un ou l'autre affirment que ces accords ont été 'nimbés de mystère' est pour le moins fallacieux", explique Xerox dans un document publié mardi avant que la plainte déposée par Deason auprès de la Cour Suprême de l'Etat de New York ne soit connue.

La plainte de Deason cite également Ursula M. Burns, ex-directrice générale de Xerox, car, est-il écrit, elle était présidente du groupe américain de mai 2010 à mai 2017 et connaissait parfaitement la teneur des accords passés dans le cadre de la coentreprise Fuji-Xerox.

Les investisseurs activistes Carl Icahn et Darwin Deason, respectivement premier et troisième actionnaires de Xerox, avaient dit lundi que la fusion sous-évaluait "considérablement" Xerox et favorisait indûment Fuji.

Les deux investisseurs, qui ensemble détiennent 15,7% du capital de Xerox, avaient invité en janvier ce dernier à étudier des options stratégiques et à rompre ou renégocier un accord de coentreprise avec Fujifilm qu'ils estiment défavorable à Xerox. Icahn avait aussi demandé le départ du directeur général Jeff Jacobson, en poste depuis un an.

Xerox a défendu mardi le projet de fusion dans une lettre adressée à ses actionnaires, écrivant qu'après avoir étudié plusieurs alternatives, une coentreprise avec Fujifilm avait semblé être la meilleure voie à suivre pour la société.

"L'association de Xerox et de Fuji Xerox donnera naissance à une entreprise plus solide, plus compétitive, avec des perspectives de croissance rehaussées", estime-t-il.

(Wilfrid Exbrayat et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Marc Joanny)

par Supantha Mukherjee et Aishwarya Venugopal

Valeurs citées dans l'article : FUJIFILM Holdings Corp, Xerox Corp