(Actualisé avec présentation investisseurs et réaction)

PARIS, 22 mars (Reuters) - Gameloft a promis mardi une forte amélioration de sa rentabilité à l'horizon 2018 pour tenter de convaincre les investisseurs d'ignorer l'offre de Vivendi sur le spécialiste des jeux sur mobile.

A l'occasion d'une réunion investisseurs organisée à Londres, la société française a dit viser plus de 65 millions d'euros de résultat opérationnel courant à l'horizon 2018 à comparer à 2,1 millions en 2015.

Pour atteindre cet objectif ambitieux, le groupe mise sur une forte réduction de ses coûts avec la suppression de 850 postes et la fermeture de dix studios jugés pas assez rentables.

Il compte également diminuer le nombre de sorties de nouveaux jeux à environ 8 à 10 par an contre 15 à 20 en 2014 pour se concentrer sur l'amélioration de leur qualité et sur la fidélisation des joueurs.

Gameloft prévoit par ailleurs un chiffre d'affaires supérieur à 350 millions d'euros à l'horizon 2018, dont près de 30% grâce au lancement de sa régie publicitaire propre.

Sa société jumelle Ubisoft, également convoitée par Vivendi, a elle aussi promis une forte amélioration de sa rentabilité pour tenter de faire barrage aux appétits du géant des médias.

Dans le cas de Gameloft, certains analystes financiers se montrent toutefois sceptiques sur la capacité de la société, lourdement déficitaire l'an dernier, à atteindre ses ambitions.

Gameloft a accusé en 2015 une perte nette de 24,2 millions en 2015 (-6,4 millions en 2014) avec un chiffre d'affaires en hausse de 13% à 256,2 millions tandis que sa marge brute s'est améliorée de 16% à 217,5 millions.

"Même si l'objectif de ventes paraît atteignable, alimenté par la montée en puissance des revenus publicitaires (...), nous considérons les objectifs d'Ebit et de free cash flow trop ambitieux, en particulier si l'on regarde la rentabilité des pairs américains", estiment les analystes de Kepler Cheuvreux dans une note.

"En dépit des prévisions de moyen terme optimistes, nous recommandons toujours d'accepter l'offre actuelle qui valorise Gameloft de façon conforme voire supérieure aux meilleures sociétés du secteur en dépit d'une performance opérationnelle plus faible et du risque associé à la transition de l'activité vers un nombre plus réduit de titres ce qui ne laisse pas le droit à l'erreur".

Dénonçant l'"ultimatum" de Vivendi, le PDG et fondateur de Gameloft Michel Guillemot a souligné qu'un rachat de Gameloft ôterait au groupe l'agilité qui lui a permis de se transformer rapidement à chaque rupture de son marché.

"Un groupe de médias rachetant un groupe de jeux vidéos, cela n'a jamais marché. Un groupe qui ne fait pas de jeux vidéos faisant un rachat hostile d'un groupe de jeux vidéos cela n'a jamais marché nulle part, c'est fou, c'est impossible à réussir", a-t-il expliqué.

"Les méthodes utilisées par ce groupe sont complètement étrangères aux jeux vidéos, à Gameloft. Ils n'ont aucune idée de la façon dont nous fonctionnons".

Gameloft conteste par ailleurs en justice la déclaration de conformité apportée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) à l'offre d'achat hostile de Vivendi, qui s'est ouverte lundi au prix de 7,20 euros par action. (Gwénaëlle Barzic et Jean-Michel Belot, édité par Matthieu Protard)

Valeurs citées dans l'article : GAMELOFT, Vivendi, UBISOFT ENTERTAIN