Zurich (awp) - L'équipementier de salles d'aisance Geberit a déjoué les pronostics de décroissance sur l'entame de l'exercice 2019, toilettant au passage sa rentabilité opérationnelle comme nette. Le chiffre d'affaires a ainsi grappillé un peu moins de 1% à 830 millions de francs suisses, tandis que le bénéfice net a gagné 5% à 192 millions. Saluant une performance inespérée, les analystes n'en demeurent pas moins circonspects pour la suite de l'exercice.

L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a gagné 6,8% à 262 millions, la marge afférente ayant été élargie de 1,8 point de pourcentage à 31,6%, détaille le compte-rendu intermédiaire publié jeudi. L'embellie sur le front de la rentabilité est attribuée à un allégement des prix d'approvisionnement en matières premières, des hausses tarifaires, un effet d'échelle, aux mesures d'optimisation ou encore un changement de norme comptable.

Manque de bras persistant en Allemagne

L'inflation des dépenses en personnel a limité la progression des excédents, tandis que les variations monétaires n'ont pas eu d'effet notable. La direction déplore toujours une pénurie en installateurs qualifiés outre-Rhin. "La situation en Allemagne n'a pas fondamentalement évolué et il nous faut toujours une douzaine de semaines pour honorer une commande", a souligné le directeur général Christian Buhl en conférence téléphonique.

La performance dépasse largement les projections moyennes des analystes consultés par AWP, qui articulaient un consensus de 821,8 millions de francs suisses pour le chiffre d'affaires, 240,1 millions pour l'Ebitda et 180,6 millions pour le bénéfice net.

Geberit rappelle avoir finalisé l'an dernier l'intégration du céramiste finlandais Sanitec, s'épargnant désormais la publication de chiffres ajustés des frais afférents.

La direction indique n'avoir que marginalement retravaillé ses vagues prévisions pour l'ensemble de l'exercice depuis la publication en mars des résultats 2018, dans l'attente de la nouvelle feuille de route promise à l'issue du premier semestre. La société évoquait alors un environnement d'activité compliqué et disparate selon les régions, sur lequel elle compte néanmoins parvenir à conquérir de nouvelles parts de marché.

La baisse des prix des matières premières a d'ores et déjà laissé place à un renchérissement, que l'entreprise entend compenser avec une traditionnelle hausse des prix.

Toujours conseillé à "sell"

La plupart des analystes recommande néanmoins toujours le titre à la vente.

Jefferies souligne que si la croissance organique s'est révélée réjouissante, l'évolution demeure plus ténue que celle des concurrents ayant déjà publié leurs résultats intermédiaires. Le prestataire de services financiers se demande dans quelle proportion les changements de norme comptables ont contribué au rétablissement de la rentabilité et note que la direction s'attend à une inflation des matières premières dès le trimestre en cours.

Hors effets de changes, la multinationale saint-galloise a accéléré sa croissance organique par rapport au dernier partiel de 2018, salue Goldman Sachs. Le mastodonte bancaire américain applaudit au passage des marges robustes, soutenue par des prix d'approvisionnement en baisse et une palette de produits optimisée.

UBS s'attarde également sur la marge brute opérationnelle "record" dégagée par la firme de Rapperswil-Jona, sensiblement supérieure aux attentes du marché. L'établissement aux trois clés continue néanmoins de déplorer une absence de feuille de route pour l'ensemble de l'année, au moins jusqu'à mi-parcours.

Vontobel rappelle que la part prépondérante des recettes réalisées en euros préserve Geberit du récent allègement du franc face à la monnaie unique européenne.

A la Bourse suisse, l'action Geberit a fini sur un bond de 7,44% à 459,10 francs suisses, dans un SMI en repli de 0,24%.

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