Zurich (awp) - L'équipementier de salles de bains Geberit a vu son chiffre d'affaires stagner en 2019, subissant les effets d'un franc fort. La croissance a notamment ralenti au dernier partiel, marqué par des jours fériés. Pour 2020, le groupe se montre prudemment optimiste.

En 2019, les ventes n'ont augmenté que de 0,1% à 3,08 milliards de francs suisses, selon un communiqué paru jeudi. Ajustée des effets de change, la progression atteint 3,4%. La direction table sur une marge des liquidités opérationnelles (marge Ebitda) de 29% pour l'an passé.

Les recettes ont été pénalisées par un "effet de change négatif de 102 millions de francs suisses", explique le groupe de Rapperswil-Jona jeudi. L'environnement d'affaires est difficile mais celui de la construction évolue positivement, d'après le groupe.

Le chiffre d'affaires s'inscrit en-deçà du consensus AWP, établi à 3,09 milliards de francs suisses, et même des prévisions les plus pessimistes.

Sans surprise, le dernier trimestre, avec ses nombreux jours fériés, n'a pas été porteur. Les recettes ont atteint 702 millions de francs suisses au dernier partiel, en recul de 1,1% en francs suisses et en croissance de 1,9% corrigée des effets de change.

Les ventes en Allemagne ont progressé de 3,2% (ajusté des effets de change). A propos du plus gros marché unique du groupe, le directeur général de Geberit, Christian Buhl s'est dit, lors d'une conférence téléphonique, "confiant quant à la demande. Mais le manque de travailleurs qualifiés persiste".

En Suisse, deuxième plus gros marché unique du groupe saint-gallois, les recettes ont avancé de 3,9%. Le patron s'attend à un léger recul de la construction dans le pays en 2020.

Ailleurs, les ventes accéléré au Benelux (+7,4%), en Grande-Bretagne/Irlande (+5,3%), en Autriche (+5,2%) et dans la péninsule ibérique. En revanche, elles ont reculé en France (-0,4%).

Hors Europe, c'est l'Extrême-Orient/Pacifique qui a le plus crû (+9,0%). Le Proche-Orient/Afrique a légèrement avancé (+1,3%) quand l'Amérique s'est maintenue au niveau de l'année précédente (+0,5%).

Par produits, le chiffre d'affaire en monnaies locales a grossi de 4,5% dans le secteur installations et systèmes d'évacuation et de 5,8% pour les systèmes de canalisations. Celui des systèmes de salles de bains a stagné.

Environnement stable en 2020

Pour 2020, à l'échelle du groupe, le patron a déclaré s'attendre "à un environnement stable de l'industrie de la construction, semblable à 2019". Les prix des matières premières devraient être un peu plus élevés sur toute l'année en cours. Quant aux salaires, Christian Buhl table sur une hausse de 3% comme l'année précédente.

Bernd Pomrehn de Vontobel, étant donné la force continue du franc, revoit légèrement à la baisse les estimations pour 2020, "vu que la croissance organique du premier semestre sera sans doute neutralisée par des vents contraires en matière de change".

Chez Berenberg, on signale des coûts additionnels de marketing de 10 millions de francs suisses en 2019 liés à l'abandon progressif de plusieurs marques de céramique cette année. Trois autres marques vont disparaître en 2020 pour une charge similaire de 10 millions.

Les experts estiment aussi que sur le plan structurel, la nouvelle réglementation des loyers en Allemagne pourrait avoir un impact négatif sur le marché de la rénovation et que Geberit pourrait perdre en compétitivité à moyen et long terme à cause de la numérisation du secteur qui attise la concurrence.

De son côté, Martin Hüsler de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) juge que Geberit dispose d'un modèle d'affaires stable et à marge élevée, qui devrait faire ses preuves dans un environnement de marché de plus en plus difficile. Si le groupe saint-gallois ne donne pour l'heure aucune perspective pour 2020, lui table sur une croissance des ventes de 3,5% et une marge Ebitda de 29,5%.

Les résultats détaillés seront publiés le 10 mars.

A la Bourse suisse, Geberit a chuté de 4,9% à 514,80 francs suisses, lanterne rouge d'un SMI en progression de 0,21%.

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