par Juliette Rouillon

Ce vote quasi-unanime en faveur du nouveau conseil d'administration - avec cinq représentants de Metrovacesa au lieu d'un seul auparavant - permet au groupe espagnol de reprendre les rênes de Gecina, face à Joaquin Rivero, qui conserve toutefois son poste de président du groupe.

Les actionnaires ont rejeté à plus de 96% un amendement de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) visant à révoquer Joaquin Rivero, ainsi qu'Antonio Truan, qui l'a récemment remplacé à la direction générale de Gecina.

L'AG a également massivement rejeté les autres résolutions de l'Adam telles que la réduction de moitié des autorisations d'augmentations de capital, ainsi que du montant des "stocks options" autorisés, et la division par deux des jetons de présence des administrateurs, à 875.000 euros par an.

Avec l'appui de Predica (groupe Crédit agricole), qui détient 8,2% du capital, Metrovacesa pourra ainsi réorienter la stratégie de Gecina, violemment critiquée lors de l'assemblée.

Metrovacesa, aux mains de ses banques créancières depuis décembre dernier, s'était associée avec l'Adam, Predica et d'autres minoritaires, pour obtenir auprès de la justice que les droits de vote du camp Rivero soient limités à 20% du capital pour cause de non déclaration des franchissements de seuil.

Relayée par plusieurs actionnaires minoritaires, l'Adam a demandé avec insistance des précisions sur plusieurs opérations jugées "inquiétantes" : le rachat de 49% de la société espagnole, Bami, qui appartient à Joaquin Rivero et Bautista Soler, une avance de 60 millions à une autre société espagnole, Bamolo, et une opération perdante sur le groupe français Eiffage en 2007.

"NOYER LE POISSON"

Reprochant à Joaquin Rivero de "noyer le poisson", Colette Neuville a estimé qu'il était temps de "changer l'équipe de direction". Mais après une suspension de séance, les grands actionnaires ont fait bloc pour rejeter cette proposition.

Signe que la paix des braves est solide, Joaquin Rivero a fait preuve de son côté d'une grande souplesse en ce qui concerne l'évolution de la stratégie de la foncière française.

"Je vais essayer d'élaborer une stratégie avec les nouveaux administrateurs. (...) Il y a des divergences et nous y travaillons", a-t-il déclaré à la presse après l'assemblée, ajoutant qu'il pensait qu'ils auraient abouti d'ici mi-décembre.

Le président de Gecina a notamment mentionné la question de la gouvernance de l'entreprise - annonçant qu'une société spécialisée serait sollicitée pour proposer des systèmes de contrôle - ainsi que la stratégie de diversification géographique.

Il a toutefois déclaré qu'il n'était pas possible de revenir sur l'opération Bami, qui avait été approuvée par le groupe.

Le président de la foncière s'est par ailleurs montré optimiste sur l'avenir du marché immobilier et de la société.

"En 2008, nous avons eu des résultats supérieurs à nos prévisions budgétaires. Ce sera encore plus le cas en 2009", a-t-il dit, réaffirmant sa prévision de croissance de 7% de son Ebitda 2009 et annonçant qu'il tablait sur une croissance des loyers immobiliers cette année, une opinion peu répandue.

Le président de la foncière est également optimiste sur la valorisation des actifs de Gecina et sur son cours de Bourse.

Il s'attend à un actif net réévalué (ANR) en baisse de 5,5-6% au cours du premier semestre 2009 et estime qu'"il ne devrait pas y avoir davantage de chute au second semestre".

En ce qui concerne le cours de Bourse, "Pour 2010, nous espérons une décote qui ne sera pas supérieur à 20%", a déclaré Joaquin Rivero, alors qu'elle a atteint plus de 60% en 2008.

Le président du groupe a réaffirmé que Gecina pourrait payer "sans problème" les échéances de sa dette (4,8 milliards d'euros) et ajouté que le coût moyen de la dette serait de 3,5- 4% en 2009, encore en recul par rapport aux 4,18% en 2008.

La dette de Gecina est de 4,8 milliards d'euros.

L'action Gecina, société au patrimoine de 12,4 milliards d'euros, a perdu 2,32% à 59 euros lundi en Bourse, après avoir plus que doublé depuis début avril. Son cours de Bourse avait dégringolé de 142 à 27 euros entre avril 2007 et mars 2007.

Le marché table depuis quelques semaines sur une normalisation de la situation du groupe, malmené depuis plus de deux ans par les conflits entre actionnaires espagnols, eux-mêmes frappés par une violente crise immobilière en Espagne.

Edité par Jean-Michel Bélot