PARIS (Agefi-Dow Jones)--Gemalto (GTO.FR) traverse une phase de transition complexe mais cette situation ne remet pas en cause les fondamentaux du fournisseur de cartes à puce et de solutions de sécurité et d'authentification numériques, a estimé vendredi son directeur général, après le lancement de sa troisième alerte aux bénéfices en seulement six mois.

"Il s'agit d'un problème conjoncturel et non structurel", a affirmé Philippe Vallée pendant une conférence téléphonique. "Nous sommes à la barre et prenons des mesures pour y faire face", a déclaré le dirigeant, qui a repris les rênes de l'éditeur de logiciels en septembre dernier.

Nouvelle dégradation de l'activité

Gemalto a prévenu vendredi matin qu'il pourrait ne pas atteindre ses objectifs pour 2017, que le groupe avait pourtant revus en baisse fin mars alors qu'il les avait déjà abaissés en octobre dernier.

En raison de difficultés dans ses activités mobiles et bancaires, le spécialiste des cartes à puce ne vise plus cette année qu'un résultat dit des activités opérationnelles compris entre 390 et 450 millions d'euros, là où il tablait auparavant sur un résultat opérationnel courant stable par rapport à celui de 453 millions dégagé en 2016.

La nouvelle estimation du groupe intègre une contribution de la division Identity Management de 3M, une activité au résultat opérationnel courant de 58 millions de dollars, dont la reprise annoncée en fin d'année dernière est "imminente".

Initialement, Gemalto avait anticipé pour 2017 un résultat opérationnel des activités de 660 millions d'euros, dans le cadre de son plan stratégique 2013-2017.

Un circuit bancaire plus complexe que prévu

Les difficultés du groupe se concentrent sur deux de ses cinq activités: la téléphonie mobile et les cartes bancaires.

Dans la téléphonie mobile, Gemalto est confronté au déclin de la carte SIM amovible, que l'essor de la carte eSIM intégré tarde à relayer. "La transition des cartes SIM amovibles vers les cartes eSIM devrait être progressive", a reconnu Philippe Vallée. Les cartes eSIM sont déjà utilisées dans d'autres applications, comme dans les montres ou les voitures.

Dans le domaine bancaire, le groupe fait face à une hausse inattendue des stocks aux Etats-Unis, où le secteur est en train de remplacer les cartes bancaires à bande magnétique par des cartes bancaires à puce.

"Nous pensons que le secteur a accumulé neuf mois de stocks, contre 6 mois avant la migration vers les cartes EMV, et donc que ce phénomène est temporaire", a estimé Philippe Vallée.

Toutefois, "avec plus de 2.500 acteurs entre les banquiers, les commerçants, et de nombreux intermédiaires, le marché du paiement aux Etats-Unis s'avère plus complexe que prévu", a reconnu le directeur général de Gemalto. "Cela rend difficile son estimation", a-t-il ajouté.

Un plan de transition, en attendant un nouveau plan stratégique

Face à la nouvelle dégradation de son activité, Gemalto a confirmé vendredi la mise en place d'un "plan de transition" qui devrait contribuer "à terme" pour plus de 50 millions d'euros à son résultat des activités opérationnelles en base annuelle.

La mise en place de ce plan devrait être facilitée par le fait que si ses branches mobiles et bancaires rencontrent des difficultés, les autres activités du groupe, à destination des entreprises et des gouvernements, ainsi que pour les objets connectés, sont en croissance.

"Nos cinq marchés utilisent des technologies et des compétences communes, ce qui permet de reporter des employés d'un segment à l'autre, comme nous l'avons fait dans le passé", a souligné Philippe Vallée.

Et alors que le groupe prépare pour la fin d'année un nouveau plan stratégique, le dirigeant a estimé que ces mouvements pourraient préfigurer une réallocation plus générale de ses moyens vers des segments présentant un meilleur potentiel.

Manque de visibilité

Vendredi vers 13h25, l'action Gemalto accusait la plus forte baisse du SBF 120, en chutant de 10,4% à 49,62 euros.

Cette alerte trahit "un manque de visibilité criant sur l'activité d'un groupe aux coûts fixes, et nous pensons que sa nouvelle estimation de résultat des activités opérationnnelles doit être appréhendée avec une grande précaution", a déclaré la société de Bourse Bryan Garnier dans une note d'études.

- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90; aecorcheville@agefi.fr ed: ECH