Bruxelles (awp/afp) - La Commission européenne, gardienne de la concurrence, a ouvert lundi une enquête approfondie sur le projet de rachat de Gemalto, fabricant de cartes à puces, par Thales, spécialiste de l'électronique de défense.

Dans un communiqué paru lundi, l'exécutif européen s'inquiète des effets éventuels de cette fusion qui pourrait, selon lui, faire monter les prix des produits et réduire le choix des clients dans le secteur d'activité de Thales-Gemalto.

Le français Thales avait lancé à la mi-décembre 2017 une offre de 4,8 milliards d'euros pour prendre le contrôle de Gemalto, basé aux Pays-Bas, surenchérissant sur une offre du groupe informatique français Atos.

La Commission a désormais jusqu'au 29 novembre 2018 pour adopter une décision. L'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge en rien de l'issue de la procédure.

Il est rare que la Commission interdise une fusion. C'est le cas en moyenne une seule fois par an. L'une des grandes unions récemment interdites dans l'UE remonte au 29 mars 2017: il s'agissait du projet de mégafusion des Bourses de Londres et Francfort, une opération annoncée en grande pompe mais qui avait été fragilisée par la perspective du Brexit.

Généralement, les groupes proposent des "remèdes" ou "concessions" à l'exécutif européen pour obtenir son feu vert sur leurs unions, ce qui passe le plus souvent par la vente de certains de leurs actifs à des concurrents.

Dans son communiqué de lundi, la Commission européenne a souligné que Thales et Gemalto "sont actuellement de proches concurrents sur le marché des modules matériels de sécurité (boîtiers matériels de chiffrement permettant de générer, stocker et protéger des clés cryptographiques, ndlr) aux niveaux européen et mondial".

La Commission craint par conséquent que l'opération envisagée élimine la pression concurrentielle qu'exercent Thales et Gemalto l'un sur l'autre, ce qui risquerait de créer un acteur dominant au niveau mondial.

"Le projet d'acquisition se poursuit comme prévu, avec plusieurs étapes pour obtenir les autorisations réglementaires dans différents pays. Comme annoncé, nous prévoyons une clôture avant la fin de l'année 2018", a réagi Thales dans un communiqué.

"Nous poursuivons nos discussions très constructives avec la Commission européenne et restons à sa disposition pour fournir toute information complémentaire qui pourrait l'aider à évaluer la transaction", précise l'entreprise française.

Thales compte 65.000 salariés dans 56 pays et a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires de 15,8 milliards d'euros. Gemalto a quant à lui réalisé 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'année dernière et emploie 15.000 personnes.

afp/rp