par Bill Berkrot et Toni Clarke

Genzyme, spécialisé dans les médicaments très chers pour traiter des maladies génétiques rares, avait annoncé en mai son intention de vendre certaines activités de thérapie génique, dans l'oncologie notamment, ainsi que son activité diagnostics.

Elles ont réalisé des chiffres d'affaires de 371 millions de dollars et de 167 millions de dollars respectivement.

"La procédure reste en cours et nous pensons que des transactions seront réalisées d'ici la fin de l'année", a dit le directeur général de Genzyme Henri Termeer à Reuters mardi.

Quoique modestes, au regard des 4,5 milliards de dollars de C.A. annuel de Genzyme, ces activités pourraient attirer Sanofi, comme compléments à sa propre gamme ou comme moyen de lever du cash dans la mesure où on avance un prix de vente possible de 1,5 milliard de dollars au plus pour elles.

"Il y a un objet, apparemment dans les diagnostics moléculaires, où Sanofi-Aventis n'est pas représenté aujourd'hui mais qui pourrait nous intéresser", a dit le directeur général de Sanofi Chris Viehbacher cette semaine, après avoir soumis une offre de 18,5 milliards de dollars (14,6 milliards d'euros), soit 69 dollars par action.

Si Sanofi est vraiment intéressé, il ne faudra pas qu'il attende trop pour se manifester apparemment. "C'est un domaine intéressant et quelque chose que nous étudierions" a dit à Reuters Robert Friel, directeur général de l'équipementier PerkinElmer.

"Il est évident que l'arrivée de Sanofi complique les choses", a-t-il ajouté, précisant toutefois que si s'engager était pertinent d'un point de vue stratégique, "le prix ne serait pas un obstacle dissuasif pour nous".

TOUT CE QU'IL PEUT TIRER

Les candidats potentiels pour ces activités ne manquent pas, disent les analystes, que ce soit dans le domaine médical où ailleurs, voire même des groupes de capital-investissement.

Certains d'entre eux doutent toutefois que Genzyme conclue une affaire sur ces seules activités si les négociations avec Sanofi prenaient une tournure plus intense.

"Ca m'étonnerait beaucoup que Genzyme vende ces diagnostics et autres tests avant de voir tout ce qu'il peut tirer de Sanofi", explique Arthur Henderson (Jefferies & Co). "S'il veut vraiment perturber les discussions (avec Sanofi), ça peut être une possibilité."

Dans la mesure où la médecine néonatale et personnalisée progresse et où davantage de traitements sont développés pour cibler tel gène ou telle mutation génétique, les diagnostics compagnons joueront un rôle de plus en plus grand dans le choix des patients appropriés.

"Dans ces domaines spécialisés, on a beaucoup plus de contrôle sur les prix et la croissance est plus rapide (que dans les tests médicaux routiniers); on génère donc beaucoup plus de cash flow et c'est donc très recherché", dit encore Arthur Henderson.

C'est ainsi que Pfizer a développé un traitement du cancer du poumon qui n'est efficace que pour des patients doté d'une mutation génétique particulière.

Le premier laboratoire pharmaceutique mondial travaille avec la filiale diagnostics moléculaires d'Abbott Laboratories pour élaborer un test de cette mutation, jugé crucial pour obtenir l'homologation du traitement.

Tout comme Pfizer, Sanofi n'est pas présent dans le dépistage ou les diagnostics génétiques et il pourrait voir en Genzyme une bonne opportunité d'y faire ses premiers pas, de l'avis de certains analystes.

TOUTE LA QUESTION EST LÀ

Mais d'autres, comme Geoffrey Porges (Sanford Bernstein) juge que ce ne serait pas pertinent pour Sanofi de conserver ces activités s'il les rachetait. "Il est plus probable que Sanofi y voit une source de financement plutôt qu'une unité opérationnelle permanente", dit-il, jugeant que ces filiales de Genzyme pourraient partir à 1,2-1,5 milliard de dollars.

Kemp Dolliver, analyste d'Avondale Partners, pense que les sociétés spécialisées dans les tests, comme Quest Diagnostics ou LabCorp, sont des candidats plus naturels au rachat de ces entités que de grands groupes tels qu'Abbott ou Roche Holdings, qui sont déjà largement présents dans les diagnostics.

"LabCorp n'a pas fait mystère de son intérêt", note-t-il. "Il a la capacité pour ça; veut-il dépenser un milliard de dollars? Toute la question est là".

L'équipementier PerkinElmer, et son concurrent plus gros Thermo Fisher Scientific, pourraient également tenter le coup. Thermo dispose d'une liquidité abondante après avoir raté le rachat de Millipore cette année.

PerkinElmer vise habituellement moins haut mais il attend près de 500 millions de dollars de cash d'ici la fin de l'année, de par la vente d'une activité non stratégique.

Le conglomérat industriel General Electric, présent dans le matériel médical lourd, s'est développé dans les diagnostics ces dernières années.

"La biologie prend une place bien plus importante dans la santé, d'un point de vue du diagnostic, avec les diagnostics moléculaires, et d'un point de vue du traitement", notait John Dineen, directeur général de la division santé de GE, en juin.

Avec Caroline Jacobs à Paris, Scott Malone à Boston et Marilyn Gerlach à Francfort, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Gregory Schwartz