Zurich (awp) - Givaudan est parvenu à maintenir au premier semestre sa marge opérationnelle, ajustée des éléments exceptionnels, et à répercuter les hausses du prix des matières premières sur ses clients. Après des résultats globalement en hausse, la direction a exprimé sa confiance pour la suite de l'année. Le leader mondial des arômes et parfums a également dévoilé les détails de son programme d'efficience.

Le groupe genevois a été confronté en première partie d'année "à une base comparable très élevée qui était difficile à battre", a déclaré à AWP le directeur général (CEO) Gilles Andrier.

Givaudan avait en effet enregistré en 2016 un gain exceptionnel de 55 mio CHF en raison d'un changement du régime de retraite et cette année des coûts de 24 mio liés aux investissements dans le programme d'efficience "Givaudan Business Solutions" (GBS). Ce dernier doit dégager à partir de mi-2020 des économies annuelles de 60 mio pour des investissements de 170 mio.

Au niveau de la performance semestrielle, le chiffre d'affaires a crû de 6,4% à 2,48 mrd CHF et de 2,3% sur une base comparable. Les recettes de la division Parfums ont progressé de 0,4% à 1,14 mrd (+0,1% en base comparable) et celles de l'activité Arômes ont augmenté de 12% (+4,4%) à 1,35 mrd.

Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a par contre reculé de 6,4% à 597 mio, tandis que la marge s'est affaissée de 3,3 points de pourcentage à 24,0%. En excluant les deux éléments exceptionnels, la marge Ebitda est par contre restée stable à 25%, a précisé M. Andrier.

Le groupe est également parvenu à contrer le renchérissement des matières premières. "La hausse du prix des matières première est en ligne avec ce que nous avons dit en début d'année, soit 2% à 3% de hausse notamment dans des matières comme la vanille et les citrons", a assuré M. Andrier.

Le groupe verniolan est "en bonne marche pour passer ces augmentations sur le prix de vente" et "l'impact sera donc neutre sur la marge, également grâce aux réductions des coûts", a-t-il souligné.

Le bénéfice net est quant à lui ressorti en hausse de 4,3% à 384 mio CHF.

Givaudan a légèrement manqué les attentes pour les ventes, anticipées par les analystes à 2,51 mrd CHF. L'Ebitda a par contre dépassé les 591 mio prévus par le marché, tout comme le résultat net pronostiqué à seulement 367 mio.

La direction a confirmé les objectifs à moyen terme, à savoir une croissance du chiffre d'affaires de 4% à 5% et un flux de trésorerie disponible de 12% à 17% des recettes en moyenne et par an entre 2015 et 2020. Le groupe veut "maintenir ses pratiques actuelles en matière de dividendes". Le reversement aux actionnaires s'était élevé à 56,00 CHF par action au titre de 2016.

ANALYSTES CONVAINCUS PAR LA MARGE

Le groupe n'a pas formulé d'objectif pour l'année en cours. Le patron a toutefois concédé bénéficier au second semestre "d'une base comparable qui sera plus facile qu'au premier semestre, ce qui nous rend confiant pour la suite".

Revenant sur le programme GBS, Gilles Andrier a précisé que "la nature des emplois va changer avec des activités à plus forte valeur ajoutée, mais des réductions d'effectifs au niveau global ne sont pas à l'ordre du jour".

Le nouveau secteur des actifs pour cosmétiques de spécialités représente un marché de 1 mrd. Les leaders du secteur réalisent chacun 100 mio de ventes et Givaudan 65 mio. "Nous avons l'ambition de dépasser largement les 100 mio de chiffre d'affaires dans ce domaine avec des acquisitions", a précisé le CEO.

Les analystes ont dans l'ensemble bien accueilli les résultats de Givaudan, applaudissant le maintien de la marge ajustée.

Pour les spécialistes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), la croissance organique n'a pas convaincu, mais l'évolution des marges et des bénéfices est "étonnement solide". Hors éléments exceptionnels, la marge Ebitda se situe "à un excellent niveau", ont-ils ajouté. Les économies annuelles de 60 mio CHF à partir de mi-2020 devraient améliorer la marge de 130 points de base, a calculé la ZKB.

Vontobel a également applaudi la marge ajustée, compte tenu de la hausse du prix des matières premières et la consolidation de Spicetec.

Kepler Cheuvreux s'attend pour sa part à ce que la croissance organique accélère à 4% au second semestre, contre 2,3% en première partie d'année, et que la marge Ebitda s'améliore "quelque peu".

A la Bourse suisse, le cours de l'action ne répercutait pas l'optimisme des analystes. Après avoir ouvert en hausse de 2,4%, la nominative Givaudan a rapidement inversé la tendance, pour clôturer lanterne rouge avec une perte de 3,0% à 1901 CHF, dans un SMI (+0,03%) pratiquement à l'équilibre.

al/fr