Londres (awp/afp) - GlaxoSmithKline (GSK) a fait état mercredi d'un bénéfice net plus que doublé en 2018, au moment où le groupe pharmaceutique britannique accentue la priorité accordée au domaine de la lutte contre le cancer.

Lors de l'année calendaire écoulée, le bénéfice net part du groupe a atteint 3,623 milliards de livres (4,7 milliards de francs suisses), contre 1,532 milliard en 2017, a expliqué GSK dans un communiqué.

GSK a profité notamment d'une chute de son taux d'imposition moyen, passé de 38,5% à 15,7% d'une année sur l'autre après la mise en application d'une baisse massive des impôts sur les sociétés aux États-Unis.

Ses dépenses en recherche et développement ont aussi nettement diminué. Il y a 18 mois, le groupe avait annoncé l'arrêt de 30 programmes cliniques et pré-cliniques, afin de se concentrer sur ses priorités.

Le groupe a toutefois prévenu que son bénéfice par action, plus que doublé lui aussi en 2018, allait baisser de 5 à 9% en 2019 à taux de change constant. Il a mis ce repli attendu sur le compte de l'approbation aux États-Unis d'un médicament générique concurrent de l'Advair, son traitement contre les maladies respiratoires à succès.

Il a expliqué que ce bénéfice par action pourrait aussi souffrir de l'impact de l'acquisition en ce début d'année du groupe américain Tesaro, spécialisé dans l'oncologie, pour 5,1 milliards de dollars (4,5 milliards d'euros).

Au-delà de cet impact négatif à court terme, GSK voit de belles perspectives dans le domaine de la lutte contre le cancer et a annoncé mardi une nouvelle transaction: il a noué un partenariat avec l'allemand Merck visant à développer un traitement d'immunothérapie, destiné à combattre un grand nombre de cancers difficiles à traiter dont celui du poumon.

Walmsley secoue le cocotier

"Depuis juillet, nous avons doublé le nombre de traitements oncologiques en cours de développement dans nos services, le portant à 16", a souligné la directrice générale Emma Walmsley en présentant les comptes du groupe. "En 2019, nous espérons recevoir des résultats cruciaux pour trois médicaments anticancéreux, que nous pourrions lancer dans les deux prochaines années".

Afin de financer cette priorité, ainsi que le développement de nouveaux vaccins, le groupe envisage de se séparer d'ici à trois ans de ses activités de médicaments sans ordonnance et de parapharmacie. Il a annoncé en décembre l'intégration en son sein des activités de l'américain Pfizer dans ce domaine, au sein d'une co-entreprise dont GSK aura le contrôle et qu'il envisage de placer en Bourse.

Le président du conseil d'administration de GSK, Philip Hampton, a annoncé son départ peu après l'annonce de cette transaction portée par Mme Walmsley.

"Emma Walmsley était perçue comme une candidate de la continuité lorsque son prédécesseur Andrew Witty, défenseur du statu quo, est parti en 2017. Mais une année de transformation majeure a bouleversé cette impression", a expliqué Nicholas Hyett, analyste chez Hargreaves Lansdown.

Avant l'annonce de l'absorption d'activités de Pfizer, GSK avait au printemps dernier conclu le rachat au groupe suisse Novartis de sa part dans leur co-entreprise de médicaments sans ordonnance. Le groupe a aussi depuis annoncé la cession d'actifs importants dans la nutrition en Asie, notamment la boisson Horlicks, au géant Unilever.

"Le temps seul nous dira si ces choix sont judicieux, mais on peut voir la logique", a ajouté M. Hyett à propos de cette priorité donnée à la R&D dans des domaines ciblés.

Ces recherches sont indispensables car les revenus tirés par GSK de ses médicaments (hors oncologie et maladies respiratoires) ont diminué de 4% l'an passé à taux de change constant. Ses traitements contre le cancer (+11%) et les maladies respiratoires (+1%) ont en revanche progressé, de même que ses vaccins (+16%), dopés par le Shingrix contre le zona et ses vaccins contre les hépatites.

Ses ventes de produits de santé grand public (médicaments sans ordonnance, parapharmacie, nutrition) ont pour leur part légèrement augmenté (+2%), soutenues par les bons résultats de sa gamme de dentifrice Sensodyne.

In fine, le chiffre d'affaires de GSK s'est élevé à 30,8 milliards de livres (+5% à taux de change constant, l'équivalent de 35 milliards d'euros).

afp/jh