Pékin (awp/afp) - Ant Financial, société affiliée au géant du commerce en ligne Alibaba et qui administre la principale plateforme chinoise de paiement électronique, a annoncé jeudi l'acquisition du spécialiste britannique des transferts d'argent WorldFirst, confirmant ses ambitions d'expansion après l'échec du rachat de l'américain MoneyGram.

En se rapprochant de WorldFirst, Ant Financial "pourra accéder à un nombre plus important de clients, en particulier dans le segment en plein essor du commerce en ligne transfrontalier", a assuré dans une déclaration une porte-parole du groupe chinois.

Interrogée par l'AFP, elle s'est refusée à livrer les détails financiers de l'opération.

WorldFirst - qui assure avoir, depuis sa fondation en 2004, aidé quelque 160.000 particuliers et entreprises à transférer des fonds via sa plateforme - "intégrera désormais l'écosystème d'Alibaba", tout en permettant à Ant Financial de "mieux servir les petites entreprises" à l'étranger, a indiqué la société dans un communiqué.

Avec une valorisation estimée de quelque 150 milliards de dollars (bien davantage que Goldman Sachs) et 1 milliard d'usagers revendiqués, Ant Financial est un mastodonte financier: contrôlé par Jack Ma, le magnat fondateur d'Alibaba, il propose des prêts en ligne et des placements et, surtout, administre Alipay, principal mode de paiement électronique en Chine.

Né en 2004, Alipay avait été initialement développé par Jack Ma pour faciliter le règlement d'achats sur les plateformes d'Alibaba.

Mais Alipay, qui permet d'effectuer un paiement via un code-barre s'affichant sur son smartphone, est rapidement devenu omniprésent en Chine: il y est disponible sur la plupart des applications (livraison de repas, réservation de taxis, d'hôtels...) et dans la quasi-totalité des restaurants et commerces.

A l'heure où Alipay fait face à la concurrence acérée de l'autre grand système chinois de paiement électronique, celui de la messagerie multifonctions WeChat, Ant Financial multiplie les offensives à l'international.

Alipay est ainsi déjà accepté par certains grands magasins en Europe, soucieux de séduire les touristes chinois, à l'instar des Galeries Lafayette à Paris.

Mais cette expansion a connu un coup d'arrêt début 2018, quand les Etats-Unis se sont opposés au rachat par Ant Financial de MoneyGram, un groupe américain spécialisé dans les transferts d'argent. Un comité de sécurité nationale s'était alarmé, selon la presse, de la sécurité des données personnelles des usagers.

Toujours étroitement contrôlé par Jack Ma, Ant Financial reste intrinsèquement lié à Alibaba, qui a finalement racheté l'an dernier 33% de la société.

Ant Financial avait annoncé en juin avoir levé quelque 14 milliards de dollars pour financer son développement en Asie du sud-est et en Occident, alors que s'avivaient les spéculations sur son éventuelle introduction en Bourse.

afp/rp