New York (awp/afp) - Goldman Sachs et Morgan Stanley ont conclu mardi sur une note positive une solide saison des résultats trimestriels des grandes banques américaines, qui ont livré un bon bulletin de santé de la première économie mondiale, en dépit des incertitudes économiques et géopolitiques.

Les deux banques d'affaires, qui symbolisent l'influence de Wall Street, ont dégagé au troisième trimestre un peu plus de 4,46 milliards de dollars de bénéfices cumulés, dont 2,45 milliards pour Goldman Sachs en pleine revue de ses activités. L'établissement, qui veut faire des économies, promet des annonces en novembre.

Leur activité a également continué de croître, malgré des vents contraires telle la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, qui décourage un grand nombre d'investisseurs à faire des affaires et par conséquent à solliciter leurs services.

Le chiffre d'affaires de Morgan Stanley a progressé de 7,3%, à 9,87 milliards de dollars, tandis que celui de Goldman affiche une hausse de 3,8%, à 8,64 milliards.

"En dépit du ralentissement estival, nous avons enregistré une solide croissance des bénéfices et des revenus", s'est félicité James Gorman, PDG de Morgan Stanley.

C'était également l'avis des investisseurs à Wall Street, où l'action prenait 3,24% dans les premiers échanges, tandis que Goldman Sachs gagnait 1,31%. Les deux titres entrainaient dans leur sillage l'ensemble du secteur bancaire: JPMorgan Chase avançait de 1,18%, Citigroup de 0,38% et Bank of America de 0,57%.

Les marchés financiers saluaient tout particulièrement la solide performance des activités de banques d'investissement, qui montre que les entreprises n'ont pas renoncé à leurs projets de développement en dépit des craintes des marchés sur un ralentissement de la croissance mondiale.

La division de banque d'investissement chez Goldman Sachs a enregistré une hausse de 10% de ses revenus, due en grande partie aux banquiers aidant les entreprises à préparer leur entrée en Bourse.

Les commissions perçues par les banquiers conseillant les sociétés dans les opérations de fusions-acquisitions se sont, elles, stabilisées sur un an.

Goldman tourne la page Lloyd Blankfein

Morgan Stanley a par ailleurs surpris en faisant état d'un bond de 7%, à 3,1 milliards de dollars, des recettes générées par le courtage, la hausse de 5,3% des revenus du trading des actions et autres titres financiers ayant pallié la stagnation du chiffre d'affaires du trading des obligations, taux, devises et matières premières (FICC), vache à lait des grandes banques avant la crise de 2008.

Le calme sur les marchés pendant l'été a quelque peu pesé sur les recettes de l'activité risquée du courtage chez Goldman Sachs, qui ont stagné, principalement à cause d'un "environnement marqué par une faible activité des clients sur fond de faible volatilité", a expliqué la firme, qui a tourné définitivement mardi la page Lloyd Blankfein, son emblématique PDG remplacé depuis le 1er octobre par David Solomon.

M. Solomon, un banquier d'affaires, à l'inverse de son prédécesseur qui était un ancien trader, ne cache pas sa volonté de donner la priorité à la banque d'investissement au détriment du courtage. Il a installé les banquiers d'affaires aux postés clés: le numéro 2, John Waldron, et Stephen Scherr, le directeur financier, en sont.

Il a également marqué une rupture symbolique en décidant de participer, à partir de janvier, aux conférences téléphoniques de présentation des résultats trimestriels aux analystes, ce que ne faisait pas M. Blankfein.

David Solomon doit également mettre à exécution un plan de croissance de 5 milliards de dollars axé essentiellement sur les nouvelles activités de prêts et dépôts liées à Marcus, la plateforme de prêts en ligne de Goldman Sachs destinée au grand public. Celle-ci revendique 2 millions de clients et s'étend géographiquement, notamment au Royaume-Uni où elle est présente depuis septembre.

Toujours dans sa quête de nouvelles sources de revenus, Goldman Sachs est en train d'ouvrir des agences dans un grand nombre de villes en Amérique du nord - Seattle, Atlanta, Dallas et Toronto - et passe en revue toutes ses activités pour en améliorer "l'efficacité".

Chez Morgan Stanley qui a failli déposer le bilan au moment de la crise financière, l'ouverture aux petits épargnants américains paie car la division de gestion de fortune et d'actifs a enregistré une hausse de 4,2%, à 4,3 milliards de dollars, de ses revenus le trimestre dernier.

afp/rp