Paris (awp/afp) - Le Groupe ADP, dont un projet de privatisation est sur la table, a annoncé jeudi une confortable croissance de son bénéfice net de 6,9% en 2018, portée par des passagers toujours plus nombreux et un peu plus dépensiers dans les commerces des aéroports parisiens.

"Le trafic du Groupe ADP a progressé de 7,6% en 2018 pour atteindre 281,4 millions de passagers, propulsant le groupe au rang de numéro 1 mondial de la gestion aéroportuaire en nombre de passagers", a commenté le PDG du groupe Augustin de Romanet, cité dans un communiqué, qualifiant les résultats 2018 d'"excellents sur l'ensemble des activités".

Le bénéfice net du groupe qui gère directement ou indirectement 26 aéroports dans le monde s'élève à 610 millions d'euros, ce qui représente "deux fois le niveau de 2013, en cinq ans il a doublé", s'est félicité lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes le directeur financier du groupe Philippe Pascal.

Le chiffre d'affaires consolidé du Groupe ADP "s'établit à 4,478 milliards d'euros" sur l'année, en hausse de 861 millions d'euros, grâce notamment à la croissance du produit des redevances aéronautiques à Orly et Paris-Charles-de-Gaulle (+5,6%) et la progression des activités commerciales (+6,8% à 490 millions d'euros).

Le chiffre d'affaires par passagers est passé de 18,2 euros à 18,4 euros (+0,6%), malgré les grèves au premier semestre chez son principal client Air France et "des travaux importants au hall L du terminal 2E (de Paris-CDG) qui ont neutralisé une bonne partie de la zone commerciale particulièrement intéressante dès lors qu'elle concentre le trafic international et une partie du trafic asiatique", a expliqué M. Pascal.

En termes de trafic international sur 2018, la croissance a été de 6% avec une croissance du trafic Asie Pacifique de +5,8% et du trafic Amérique du Nord de 8,7%, alors que le faisceau France est en baisse de 1,7%.

Un trafic toujours plus international

Le trafic se modifie "au profit d'un trafic toujours plus international qui est contributeur sur nos boutiques", a noté le directeur financier.

Le groupe a révisé la prévision de croissance de son trafic entre 2016 et 2020 à la hausse, la situant désormais entre +2,8% et +3,2%, contre +2,5% précédemment, dont international entre +3,6% et +4%, contre +3,6% auparavant.

La "bonne performance du chiffre d'affaires consolidé" (4,478 milliards d'euros) est également dû à l'intégration globale du groupe turc TAV Airports depuis 2017 et de l'aéroport d'Amman depuis avril 2018, selon le groupe.

Le groupe ADP est en pourparlers avec la Turquie sur une compensation du manque à gagner attendu avec l'ouverture du troisième aéroport d'Istanbul qui devrait recevoir une grosse partie du flux aérien de l'aéroport géré par TAV à partir du 3 mars, une opération qui met un terme de manière anticipée au contrat de concession d'Istanbul Atatürk qui devait prendre fin le 2 janvier 2021.

Un projet de privatisation du groupe, leader de la conception, de la construction et de l'exploitation d'aéroports, est sur la table.

Le Sénat s'est opposé le 6 février à cette privatisation qui doit d'abord passer par une modification du le régime juridique d'ADP dans le cadre du projet de loi Pacte sur la croissance des entreprises. Mais le dernier mot reviendra à l'Assemblée nationale.

Une fois la loi promulguée, le gouvernement va prendre les textes réglementaires d'application parmi lesquels le cahier des charges des missions de service public d'ADP pour "donner le la visibilité sur le cadre d'exercice de l'activité aéroportuaire, qui serait celle d'ADP post-désengagement de l'État", a précisé M. Pascal.

Les modalités de la cession des 50,6% des parts de l'État n'ont pas encore été fixées. Trois solutions sont possibles: une vente à un seul acteur, une vente à des acteurs diversifiés ou une vente d'une partie seulement des actions de l'État.

afp/rp