Pernod Ricard, cible du fonds américain depuis novembre 2018, a relevé jeudi son objectif de résultat opérationnel annuel après un premier semestre très supérieur aux prévisions et a dévoilé les objectifs d'un nouveau plan stratégique bien accueilli par les investisseurs.

Dans un communiqué, Elliott juge "solides" les résultats du numéro deux mondial des spiritueux, estimant qu'ils confirment le potentiel de croissance du propriétaire du cognac Martell, du whisky Jameson ou de la vodka Absolut.

Il estime toutefois que les objectifs financiers du nouveau plan "pourraient être plus ambitieux".

Pernod Ricard anticipe une croissance comprise entre 4% et 7% au cours des trois prochaines années, prévoit de nouvelles économies de 100 millions d'euros et vise une progression annuelle de sa marge opérationnelle de 50 à 60 points de base.

Les économies attendues et l'amélioration de la marge constituent, aux yeux d'Elliott, "un objectif modeste pour un groupe qui dégage un résultat opérationnel courant de quelque 2,5 milliards d'euros et dont la marge accuse une décote de cinq points de pourcentage par rapport à ses concurrents directs".

La marge du groupe français était de 27% (selon les nouvelles normes comptables) à la fin de son exercice annuel clos en juin 2018, quand celle du britannique Diageo était de 31,4% en 2017.

Le fonds estime en outre que l'amélioration promise de la rentabilité semble "presque entièrement tirée par les économies plutôt que par un réel levier opérationnel".

Vers 13h05, le titre Pernod Ricard perd 0,60% alors que le CAC 40 cède de son côté 0,22%. La valeur est en hausse de plus de 3,5% depuis le début de l'année contre un gain supérieur à 5% pour l'indice vedette de la Bourse de Paris.

"LES RÉSULTATS SONT LA MEILLEURE DÉFENSE"

Pernod Ricard a rapidement riposté, affirmant que ses résultats témoignaient de l'efficacité de sa stratégie et qu'il restait concentré sur l'exécution de son nouveau plan.

"Les résultats de Pernod Ricard prouvent une nouvelle fois l'efficacité de sa stratégie et sa capacité à délivrer une croissance durable et profitable pour toutes ses parties prenantes", a dit son porte-parole.

Le groupe "poursuit son dialogue régulier avec tous ses actionnaires et n'a pas d'autres commentaires à apporter, à ce stade", a-t-il ajouté.

Pour certains analystes comme ceux de Berenberg, "les résultats de Pernod Ricard constituent sa meilleure défense", écrivent-ils dans une note vendredi, jugeant "ambitieux" les nouveaux objectifs du plan "Transform & Accelerate".

Elliott estime, lui, que le groupe français devrait pouvoir dégager la même rentabilité que Diageo et que l'écart de performance avec le britannique s'explique par une gouvernance qu'il juge inadéquate et trop liée à la famille Ricard.

Il estime notamment que sur sept administrateurs dits indépendants, deux d'entre eux ne peuvent pas être considérés comme tels car sont liés à la holding belge GBL, alliée de la famille.

Par ailleurs, grâce à ses droits de vote doubles acquis après une période de détention de 10 ans - que conteste le fonds, comme nombre d'investisseurs anglo-saxons - la famille du fondateur Paul Ricard contrôle, avec GBL, plus du tiers des droits de vote du groupe.

Alexandre Ricard a défendu quant à lui, jeudi, les nominations intervenues au sein du conseil depuis trois ans, celle de Patricia Barbizet comme administratrice référente étant la dernière en date.

"Pernod Ricard fait évoluer sa gouvernance depuis trois ans (...) et continuera de le faire selon un calendrier clairement établi par le groupe, a-t-il dit, tenant à faire entendre qu'il n'agissait pas sous la pression.

(Pascale Denis, avec Jean-Michel Bélot à Paris et Simon Jessop à Londres, édité par Benoît Van Overstraeten)

par Pascale Denis