Cette décision des autorités argentines marque un nouvel épisode de la nouvelle crise de la dette que traverse la troisième économie d'Amérique latine, qui a fait chuter le peso et la Bourse de Buenos Aires.

La banque centrale, qui a multiplié en vain les interventions sur le marché des changes ces dernières semaines pour tenter de freiner la chute de la monnaie nationale, a annoncé dimanche avoir été autorisée par le gouvernement à restreindre les achats de dollars jusqu'à la fin de l'année.

Cela signifie que les entreprises devront obtenir l'aval de la banque centrale pour acheter des devises et transférer des fonds à l'étranger et que les particuliers ne pourront pas changer ou transférer plus de 10.000 dollars par mois.

Sur le marché obligataire, le cours des obligations souveraines argentines en dollar arrivant à échéance en 2028 perdaient un peu plus d'un cent vers 12h15 GMT à 37,50 cents après un plus bas record à 36,50, selon les données Refinitiv, et les échéances 2023 et 2038 affichaient un recul équivalent.

Les obligations en euro étaient elles aussi en net repli, de neuf cents à 35,71 pour l'échéance 2022 et de près de 7,5 cents à 33,24 pour l'échéance 2027.

Les certificats de dépôts (ADR) des institutions financières argentines cotées à la Bourse de Francfort chutaient également, de 9,15% pour ceux de Grupo Financiero Galicia et de 6,5% pour ceux de Banco Macro.

La prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir des obligations argentines en dollar plutôt que des titres émis par le Trésor américain était au contraire orientée à la hausse à 2.534 points de base, un niveau comparable à celui observé en 2001 à la veille du défaut de Buenos Aires sur sa dette.

"Le problème avec les mesures restrictives d'urgence, c'est qu'il est plus facile de les mettre en place que de les lever", a commenté Christian Buteler, analyste financier à Buenos Aires, sur Twitter.

Le peso argentin a perdu plus du tiers de sa valeur face au dollar depuis le début de l'année après une chute de plus de 50% en 2018, un mouvement qui s'est accéléré depuis le 11 août et la lourde défaite subie par Mauricio Macri aux primaires en vue de l'élection présidentielle qui doit se tenir fin octobre.

La semaine dernière, le gouvernement a annoncé son intention de rééchelonner quelque 100 milliards de dollars de dettes.

En moins d'une semaine, la banque centrale a consacré près d'un milliard de dollars (912 millions d'euros) au soutien au peso, sans parvenir à enrayer sa baisse.

Le Fonds monétaire international (FMI), lié à l'Argentine par un plan de soutien de quelque 57 milliards de dollars, a déclaré dimanche, après l'annonce du retour au contrôle des changes, qu'il allait analyser "les mesures de gestion des flux de capitaux dans le but de protéger la stabilité du taux de change et les épargnants".

(Karin Strohecker et Walter Bianchi, avec Tom Arnold et Marc Jones; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)