Havas (+9,47% à 9,272 euros) et Vivendi (+4,7% à 19,255 euros) dominent ensemble le marché parisien, le cours du premier s'ajustant au prix de rachat proposé par le second. Hier soir, Vivendi a en effet proposé au Groupe Bolloré (+3,42% à 4,08 euros), actionnaire à 60% d'Havas, de racheter sa participation pour 2,3 milliards d'euros, soit 9,25 euros par action. Cette opération ne devrait pas présenter beaucoup de risques d'exécution compte tenu des liens forts qui unissent les trois partenaires.

Le PDG de Bolloré est Vincent Bolloré qui est également président du Conseil de surveillance de Vivendi. De plus, depuis 2013, c'est son fils Yannick qui préside aux destinées d'Havas.

Morgan Stanley ajoute que les risques réglementaires, liés à des questions de concurrence, devraient être aussi limités. L'analyste rappelle que la Commission européenne a récemment indiqué qu'elle ne verrait pas de conflit d'intérêt dans le fait que Bolloré détienne à la fois Havas et Vivendi.

Une fois que ce transfert de titres aura été mené à bien - Vivendi table sur une finalisation fin juin ou début juillet - le groupe de médias et de divertissement lancera une OPA sur le solde du capital aux mêmes conditions financières. Au total, l'offre valorise donc l'intégralité du capital d'Havas 3,9 milliards d'euros.

Vivendi a déposé une offre entièrement en numéraire qu'il devrait financer avec sa trésorerie disponible mais aussi par endettement. Les observateurs s'attendent à voir le ratio dette nette sur Ebitda du groupe atteindre 1,4 fois d'ici la fin de l'année, ce qui le maintiendrait sous l'objectif du groupe d'un ratio de 2 fois. Par ailleurs, Vivendi prévoit que le rapprochement avec Havas aura un impact positif sur ses résultats, de +13% si le groupe limite sa prise de participation aux 60% rachetés à Bolloré et jusqu'à +22% en cas de rachat à 100%. Goldman Sachs ajoute que la marge du groupe pourrait s'apprécier de 100 points de base.

Les analystes questionnent l'intérêt stratégique du rachat d'Havas

Toutefois, l'annonce de ce rachat a suscité des commentaires mitigés de la part de nombreux analystes. Plusieurs d'entre eux - Barclays, Invest Securities, Deutsche Bank - se montrent sceptiques quant à l'intérêt du rapprochement, pointant le fait que les synergies avec les autres métiers du groupe paraissent limitées.

Pour Barclays, cette nouvelle opération de croissance externe ne va faire qu'assombrir une stratégie déjà difficilement lisible chez Vivendi. Depuis déjà plusieurs mois, les analystes soulignent en effet que le groupe devient de plus en plus un holding agrégeant différentes participations et non un groupe pleinement intégré.

Pour sa part, Liberum souligne que les synergies ne sont pas forcément plus claires entre Canal+ et Universal Music, les deux filiales déjà intégrées à Vivendi. Pour l'analyste, le rachat d'Havas est cohérent avec l'objectif du groupe de constituer un groupe de contenus et de médias.

Valeurs citées dans l'article : Havas, Vivendi