Principal centre de profits du groupe, Gucci a encore accéléré le pas malgré des bases de comparaison plus difficiles et dépassé toutes les prévisions. Ses ventes ont bondi de 49,4%, après une envolée de 43,4% au premier semestre, alors que les analystes tablaient sur une hausse déjà élevée de 29%.

Si Gucci profite comme ses concurrents d'un rebond de la demande en Chine qui compense de moindres flux touristiques en Europe, ses performances sortent clairement du lot. Le succès des collections baroques d'Alessandro Michele ne se dément pas et la griffe gagne des parts de marché sur ses concurrents.

Considérée comme une des plus désirables du moment, elle a signé des progressions "à deux chiffres dans toutes les catégories de produits et dans toutes les géographies", a indiqué le directeur financier de Kering, Jean-Marc Duplaix, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.

La marque, qui a considérablement rajeuni sa clientèle - les "millenials" comptent pour plus de 50% de son chiffre d'affaires - a vu ses ventes en ligne grimper de plus de 100% et celles de ses magasins en propre de près de 60%.

Elle profite aussi, comme Louis Vuitton, de la récente ouverture de son site de e-commerce en Chine.

Alors que les investisseurs s'interrogent sur l'évolution à attendre pour Gucci à moyen terme, avec des bases de comparaison qui s'annoncent très difficiles dès 2018, Jean-Marc Duplaix s'est dit confiant dans la capacité de la marque à faire "mieux que le marché".

La griffe dispose encore, selon Kering, d'un important potentiel de croissance grâce notamment aux nouvelles catégories de produits en cours de lancement comme les lunettes, l'horlogerie, les nouvelles lignes de décoration ou le parfum.

DE LOIN LA MEILLEURE PERFORMANCE DU SECTEUR

Egalement très surveillée, Saint Laurent, devenue la deuxième marque du groupe et qui s'est fixé pour objectif de doubler ses ventes à moyen terme, poursuit sa brillante trajectoire (+22,2%) grâce aux sacs et aux chaussures.

A l'inverse, Bottega Veneta, en pleine refonte d'une offre qui a souffert d'un manque de diversité, a fait moins bien avec une timide progression de 0,9% au lieu des 2% prévus.

Le pôle des autres marques de luxe a vu sa croissance organique grimper à 17%, grâce surtout au succès de Balenciaga et des collections signées Demna Gvasalia. La marque, compte tenu de sa très forte croissance, pourrait atteindre, selon Jean-Marc Duplaix, la barre du milliard d'euros de chiffre d'affaires à moyen terme.

Avec une croissance organique de 32,3% pour l'ensemble de ses marques de luxe, Kering signe de très loin la meilleure performance du luxe, devant les 13% de la division mode-maroquinerie de LVMH ou les 16% de Moncler.

Les ventes de Puma ont quant à elles grimpé de plus de 17%, portées par les collections signées par la chanteuse Rihanna.

L'équipementier sportif ne constitue plus, officiellement, un actif stratégique pour Kering et le redressement de ses résultats plaide pour une cession prochaine, les analystes estimant qu'elle pourrait intervenir courant 2018.

"Nous aurons l'occasion d'envisager certaines options, mais probablement pas à court terme", a précisé Jean-Marc Duplaix.

Porté par les performances de Gucci, comme par la perspective d'une cession de Puma, le titre Kering grimpe de 70% en Bourse depuis le début de l'année.

A 362,80 euros, il se traite sur des multiples de valorisation de 21,7 fois les résultats estimés pour 2019, contre 22,5 fois pour LVMH ou 22,6 pour Richemont.

Au total, les ventes du groupe Kering ont grimpé de 23,2% à 3,92 milliards d'euros au troisième trimestre, au lieu des 3,7 milliards du consensus Inquiry Financial, et la croissance organique a atteint 28,4%, dépassant haut la main les 20% attendus.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis