(RPT coquilles §8)

* Les IPO "Mid & Small" sont devenues une denrée rare

* Portzamparc croit voir venir un redémarrage

* L'assurance vie et l'épargne retraite bientôt en soutien

* Certaines start-up pourraient devenir "licornes"

par Patrick Vignal

PARIS, 12 novembre (Reuters) - Les introductions en Bourse (IPO) de valeurs de taille moyenne ou petite ("Mid & Small") sont devenues une denrée rare mais plusieurs facteurs plaident pour un redémarrage, dit-on chez Portzamparc.

Après avoir eu le vent en poupe pendant plusieurs années, le segment "Mid & Small" souffre depuis un an et demi et rares sont les entreprises petites ou moyennes qui s'aventurent sur le marché, reconnaît Vincent Le Sann, directeur général délégué de la société de Bourse.

La demande s'est considérablement réduite l'an dernier avec un recul de près de 22% de l'indice CAC Mid &Small, qui avait nettement progressé les années précédentes, ce repli favorisant les sorties sur les fonds spécialisés.

"On a vu une décollecte importante l'année dernière sur les fonds Mid & Small et on n'arrive pas cette année à retrouver un mouvement de collecte forte", explique Vincent Le Sann.

"Les IPO avec levée de fonds se comptent sur les doigts d'une main sur le segment Mid&Small cette année."

De nombreuses entreprises hésitent à venir chercher des capitaux en Bourse, notamment parce que l'environnement de taux très bas leur offre la possibilité de se refinancer à bon marché.

Il existe cependant des exceptions, notamment Boostheat , un fabricant de chaudières nouvelle génération, et Hoffmann Green Cement Technologies, un producteur de ciment décarboné, qui ont fait leur entrée en Bourse ces dernières semaines.

Ces deux opérations ont été menées en dix jours chacune par Portzamparc, qui vient de fusionner avec B*Capital, filiale de BNP Paribas spécialisée dans la Bourse.

"LE MARCHÉ N'EST PAS FERMÉ"

"Elles répondent toutes les deux à cette tendance à financer la transition énergétique qui, pour nous, est vraiment la tendance de l'année", explique Vincent Le Sann en référence à l'engouement des sociétés de gestion pour la finance durable en s'appuyant sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

"Pour la première fois à ma connaissance, il a été intégré à la documentation de ces deux IPO des critères extra-financiers sur le profil ESG, sur la base de rapports qui avaient été réalisés par EthiFinance dans les deux cas", ajoute-il.

Ces deux IPO pourraient amorcer un nouveau départ après une période de vaches maigres, espère Vincent Le Sann en soulignant le succès de celle de Hoffmann Green Cement.

"On a probablement touché le point bas du marché sur les IPO. En 2019, le nombre d'introductions a été inférieur aux années précédentes, même si certaines ont été emblématiques, notamment Hoffmann Green, parce qu'avec une levée de 74 millions d'euros pour une entreprise à ce stade-là, c'est marquant."

Les opérations autrement plus importantes, comme les introductions en Bourse de Verallia et celle, à venir, de la Française des Jeux, contribuent également à relancer les IPO dans leur ensemble en donnant l'impression que le marché est en train de se rouvrir, selon Vincent Le Sann.

"Le nombre a été faible cette année mais nous continuons à rencontrer énormément d'entreprises et notre impression est que le marché n'est pas fermé", dit le directeur général délégué de Portzamparc, dont la société a réalisé une IPO sur trois ces dernières années sur les levées inférieures à 100 millions d'euros.

BIENTÔT DES "LICORNES" FRANÇAISES ?

Portzamparc voit deux moteurs principaux pour un redémarrage des IPO, que Vincent Le Sann qualifie des "potentiellement importants."

Le premier est la réallocation des actifs de l'assurance vie vers des actifs plus risqués en raison d'une baisse des rendements.

L'autre est lié au dispositif d'épargne retraite dans le cadre de la loi Pacte, qui prévoit une incitation fiscale destinée à favoriser l'orientation de l'épargne vers les actions d'entreprises de taille modeste.

"Dans les deux cas, cela va prendre du temps avec un redémarrage potentiel à partir de 2021 pour ce qui est du dispositif épargne retraite", prévoit Vincent Le Sann.

"L'enjeu est significatif. Pour le seul dispositif épargne retraite, cela pourrait représenter un apport d'un milliard d'euros chaque année, à comparer à une taille de 4 milliards d'euros pour les FCP spécialisés sur les valeurs PEA PME et 17 milliards d'euros pour les FCP spécialisés sur l'univers plus large des valeurs moyennes."

Autre motif d'espoir, l'éclosion ces dernières années de nombreuses start-up, favorisée par plusieurs structures d'accueil et d'accompagnement (incubateurs), notamment dans le domaine de l'innovation technologique appliquée à la finance ("fintechs").

Beaucoup vont se faire racheter ou mourir mais certaines vont nécessairement finir par arriver en Bourse, voire devenir des "licornes", terme réservé aux start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars.

"Il n'y en a pas eu ces dernières années à Paris mais je suis persuadé qu'il y en aura et que ce sera un phénomène positif", dit Vincent Le Sann. "Sur les 50 identifiées en 2019, il n'y a pas de raison qu'il n'y en ait pas quatre ou cinq qui viennent en Bourse." (édité par Marc Angrand)