par Christian Shepherd et Michael Martina

PÉKIN, 5 novembre (Reuters) - Lors de leur première rencontre en avril aux Etats-Unis, le président chinois, Xi Jinping, était parvenu à charmer son homologue américain, Donald Trump qui le recevait chez lui dans son luxueux complexe hôtelier de Mar-a-Lago.

Le président américain avait alors salué le développement d'une "relation exceptionnelle" et prédit "l'évanouissement" des divergences entre Washington et Pékin.

Mercredi, c'est Donald Trump qui sera accueilli par un Xi Jinping qui a assis son pouvoir à la tête de deuxième puissance économique mondiale lors du XIXe Congrès du Parti communiste chinois.

Pour l'ancien homme d'affaires américain, en revanche, la situation n'est pas au beau fixe. Sa présidence est tourmentée par la multiplication des dossiers qui touchent certains de ses plus proches collaborateurs qui ont contribué à le faire élire il y a un an.

Selon plusieurs connaisseurs de la vie politique chinoise, le pouvoir chinois sait comment amadouer Donald Trump, novice en politique et patron d'une administration qui a parfois vécu dans la souffrance vécu ses dix premiers mois de pouvoir.

"La Chine a de lui a une vision objective. Nous allons faire en sorte qu'il se sente à l'aise", explique Wang Yiwei, qui enseigne les relations internationales à l'université de Renmin.

"Il n'est pas exclu qu'il soit réélu. Nous devons donc aborder ce dossier avec une perspective à long terme et ne pas le considérer comme un 'intrus' ou comme une blague."

Donald Trump, de son côté, éprouve un profond respect pour son interlocuteur chinois. Lorsque ce dernier a vu son nom gravé dans le marbre de la constitution du PCC, Donald Trump lui a adressé un coup de téléphone de félicitation, saluant "l'extraordinaire élévation de Xi".

A bord d'Air Force One, Donald Trump s'est efforcer de vanter son bilan vant d'arriver en Asie, évoquant le niveau exceptionnel des marchés d'actions, le retour du taux de chômage à des niveau presque inédits et la défaite de l'Etat islamique qu'il entrevoit au Moyen-Orient, autant de signes des succès de sa présidence.

"Xi le sait et il le respecte", a assuré Donald Trump, avant d'évoquer les difficiles relations commerciales entre les deux pays.

"Je pense qu'il nous perçoit comme étant très, très puissants et aussi très amicaux. Eh bien nous devons faire mieux en terme de commerce avec la Chine parce que, pour l'instant, c'est à sens unique. Ç'a été le cas trop longtemps."

VISITE "PREMIUM"

L'ambassadeur chinois à Washington a prévenu: Donald Trump recevra les honneurs d'une visite d'Etat "premium".

Si les termes exacts que recouvrent la qualité à attendre des fastes à attendre de cette visite d'Etat, on sait que le président américain devrait être invité à visiter la Cité interdite et à passer les troupes chinoises en revue.

Selon Teng Jianqun, du cercle de réflexion China Institute for International Studies, le protocole chinois s'apprête à offrir à Donald Trump des "réjouissances grandioses".

"Nous devons nous appuyer sur les spécificités de son caractère, comme son goût pour les gratifications immédiates et élaborer des concepts qui ont des effets immédiats", juge-t-il.

Sur le front du commerce, cela signifie la conclusion d'une foule d'accords, en dépit des craintes de certains acteurs économiques américains qui redoutent que la question de l'accès au marché chinois et des politiques économiques discriminatoires chinoises soient reléguées au second plan.

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zheng Zeguang déclarait vendredi à la presse que la Chine favoriserait l'instauration d'une atmosphère cordiale, notamment par le biais d'activités informelles qui laisseront aux deux hommes le temps d'aborder les sujets les plus importants.

En avril, a-t-il rappelé, Donald Trump et son épouse Melania avaient su offrir à leur invité et à sa femme Peng Liyuan un "accueil extrêmement chaleureux, amical et attentionné". "Le peuple chinois exige que cette courtoisie soit retournée", estime Zheng Zeguang.

En Chine, Donald Trump est une personnalité relativement populaire, on y admire notamment ses succès en affaires et il n'y est pas l'homme clivant comme il peut l'être aux Etats-Unis ou chez ses alliés occidentaux. (Avec Gao Liangping et Ben Blanchard à Pékin et Steve Holland à bord d'Air Force One, Nicolas Delame pour le service français)